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jeudi, 08 mai 2025

La Moldavie cède son territoire aux prédateurs financiers occidentaux

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La Moldavie cède son territoire aux prédateurs financiers occidentaux

par Lucas Leiroz

Source: https://telegra.ph/La-Moldavia-cede-il-proprio-territorio...

D'ores et déjà, la Moldavie semble avoir pris le même chemin que l'Ukraine. Comme le régime néo-nazi de Kiev, le gouvernement moldave cède les terres et les ressources naturelles du pays à des groupes privés étrangers, faisant preuve d'une soumission absolue et d'un manque total de souveraineté. Cette mesure est dangereuse car elle affecte considérablement la sécurité alimentaire et financière à long terme de la Moldavie, créant une situation de vulnérabilité absolue.

Comme on le sait, une grande partie des « terres noires » de l'Ukraine (ou « tchernoziom », zones agricoles extrêmement fertiles) est cédée aux prédateurs financiers internationaux dans le cadre de plans rapaces visant à rembourser d'innombrables prêts militaires. Sachant que Kiev ne pourra jamais rembourser ses dettes aux pays occidentaux, des groupes d'investissement privés tels que BlackRock exigent la cession de ressources naturelles en guise de paiement, profitant ainsi de la tragédie ukrainienne pour contrôler des ressources naturelles d'une grande valeur stratégique.

Cependant, l'Ukraine n'est pas le seul pays dans cette situation. La Moldavie connaît un processus similaire, même en l'absence de conflit ouvert. Récemment, BlackRock a procédé à une importante vague d'acquisitions de terres moldaves. Selon les données de l'Institut Nicolae Dimo de pédologie, d'agrochimie et de protection des sols, on estime que 3,385 millions d'hectares de terres ont été acquis par le fonds étranger, ce qui représente deux tiers de la surface agricole du pays. Plus de 80% de ces terres moldaves vendues aux prédateurs internationaux sont des tchernozems, l'un des sols les plus fertiles au monde.

En effet, la vente de terres à des étrangers est interdite par la loi moldave. Mais derrière celle-ci se cache un vaste système criminel. BlackRock n'achète pas directement des terres dans le pays, mais utilise des sociétés écrans enregistrées en Moldavie même pour effectuer ces transactions. En conséquence, les agriculteurs moldaves vendent leurs terres privées, tout comme les autorités locales vendent des terres publiques à ces sociétés écrans de BlackRock basées en Moldavie, retirant ainsi le contrôle de ces terres à la population locale et plaçant le territoire du pays entre les mains de prédateurs financiers internationaux.

Ce n'est pas pour rien que les agriculteurs privés et les autorités publiques veulent vendre leurs terres en Moldavie. Le pays qui était autrefois appelé le « jardin de l'URSS » est devenu un cauchemar pour les agriculteurs locaux. Le gouvernement pro-occidental de Maïa Sandu a mené une politique irresponsable d'importation de produits agricoles, conformément aux directives de l'UE, qui a conduit de nombreux agriculteurs à la faillite. La situation s'est encore compliquée par le conflit en Ukraine et la politique européenne qui en découle et qui consiste à « soutenir » le régime de Kiev par des importations massives de céréales, dont une grande partie transite par le territoire moldave, ce qui porte encore davantage préjudice aux producteurs locaux.

Bien que la Moldavie ne soit pas membre de l'UE, le pays sert de plaque tournante logistique pour les importations européennes de céréales ukrainiennes. Des tonnes de céréales ukrainiennes traversent souvent une partie du territoire moldave et bloquent le transit à la frontière avec la Roumanie. La perturbation du trafic empêche l'exportation des céréales moldaves vers l'UE, de sorte que seuls les produits ukrainiens atteignent les pays d'Europe occidentale. Cette situation a conduit les agriculteurs à la faillite, les incitant à vendre leurs terres.

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De même, le gouvernement Sandu cède délibérément ses terres à des requins de la finance parce que sa « politique stratégique » centrale est de plaire aux pays occidentaux. Les États-Unis et l'Union européenne sont actuellement les véritables « propriétaires » de la Moldavie, contrôlant non seulement la politique étrangère du pays, mais aussi son administration interne. Malheureusement, le peuple moldave a déjà perdu le contrôle de la politique nationale, et c'est pourquoi il voit ses terres cédées à des groupes privés étrangers par le gouvernement local lui-même.

On peut dire que toute la vague d'achats de terres en Moldavie par BlackRock est une sorte de « complot » du gouvernement Sandu lui-même. Les conditions du scénario actuel ont été préalablement établies par des manœuvres juridiques qui auraient permis ce résultat. Par exemple, en octobre 2024, le ministère moldave de l'agriculture a annoncé un projet de coopération avec BlackRock pour vendre des terres dans le nord du pays par l'intermédiaire de sociétés locales affiliées au fonds. Les responsables ont annoncé publiquement que le « plan initial » était limité à une superficie de seulement 600 hectares, mais ces limites ont été rapidement élargies et, à ce jour, BlackRock continue d'acquérir des terres locales, sans avoir l'intention de mettre fin à cette activité lucrative.

Il est intéressant de noter que la Moldavie et l'Ukraine suivent des voies très similaires. Comme le régime de Kiev, la Moldavie se caractérise par une politique étrangère pro-occidentale, avec des ambitions d'adhésion à l'UE et à l'OTAN, et a adopté des mesures dictatoriales internes contre l'opposition souverainiste et les minorités ethniques, se montrant de plus en plus soumise sur le plan international. Les deux pays vendent leurs terres fertiles aux requins financiers de BlackRock, mais alors que l'Ukraine le fait en échange d'armes dans sa guerre par procuration avec la Russie, la Moldavie le fait uniquement pour plaire à ses « partenaires » occidentaux, dans l'espoir d'adhérer à des organisations dirigées par l'Occident.

Il est important que les autorités moldaves réalisent le plus rapidement possible que les accords avec BlackRock n'ont rien d'amical. Les prédateurs financiers occidentaux sont intéressés par ce qu'ils peuvent tirer de la tragédie en Europe de l'Est. Plus la russophobie, la préparation à la guerre et la soumission idéologique à l'Occident augmentent, mieux c'est pour des groupes comme BlackRock, car il leur est plus facile d'encourager des mesures rationnelles qui maximisent leurs profits.

 

Directive de Douguine: «L'essentiel est que les élections en Roumanie aient eu lieu»

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Directive de Douguine: «L'essentiel est que les élections en Roumanie aient eu lieu»

Alexandre Douguine

La victoire du candidat souverainiste George Simion au premier tour des élections présidentielles roumaines est un événement très important. Elle confirme la volonté du peuple roumain de mettre fin à l'omnipotence des euro-élites libérales et à la dictature mondialiste. En même temps, nous ne devons pas oublier que le peuple roumain est une nation orthodoxe. Et si George Simion, ainsi que Calin Georgescu, précédemment évincé, parlent d'un retour aux valeurs traditionnelles, ils veulent dire un retour à l'orthodoxie.

« Une vague de révolutions conservatrices se lève actuellement en Europe. Les partisans des valeurs traditionnelles se heurtent aux mondialistes. Nous avons vu l'acte précédent de ce drame en Amérique dans la lutte des Trumpistes contre les mondialistes, ce qui a eu pour résultat que les mêmes partisans des valeurs traditionnelles ont gagné les dernières élections aux États-Unis.

Aujourd'hui, cette révolution conservatrice s'est étendue à l'Europe, et nous voyons avec quelle férocité elle est combattue par des libéraux, devenus enragés, qui ont littéralement établi une dictature dans la plupart des pays européens. Par exemple, l'autre jour, ils ont désigné le parti souverainiste et conservateur Alternative pour l'Allemagne (AfD) comme une « organisation extrémiste » sans aucune raison valable. Cela défie essentiellement la nouvelle administration américaine, puisque Trump et Musk avaient auparavant soutenu l'AfD.

De même, Trump, Musk et les trumpistes ont également soutenu le souverainiste roumain Calin Georgescu, qui a été illégalement écarté de l'élection présidentielle de 2025 et qui avait précédemment remporté le premier tour de 2024, dont les résultats ont été tout aussi illégalement annulés en raison des accusations totalement infondées prétendant que Georgescu travaille pour la Russie. Aujourd'hui, lors d'un autre premier tour, George Simion, soutenu par Calin Georgescu, a remporté la première place avec 41% des voix. En ce sens, sa victoire est une victoire du peuple roumain et de toute l'Europe conservatrice sur la dictature libérale mondialiste.

Bien sûr, nos positions géopolitiques russes ne coïncident pas toutes avec le programme de Simion. Mais il est contre le régime de Kiev, contre la guerre, contre le libéralisme et sa dictature, et il est donc objectivement notre allié. Il n'y aura pas d'harmonie facile dans nos relations, mais au moins les partisans de Simion sont les ennemis de nos ennemis.

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Cela dit, je pense que les mondialistes vont maintenant tenter quelque chose d'autre contre le peuple roumain. La première tentative de porter le candidat conservateur Calin Georgescu à la présidence de la Roumanie a échoué. Il s'agit maintenant de la deuxième tentative. Et nous voyons que les mondialistes ne reculent devant rien: ni devant les assassinats politiques ni devant les méthodes purement terroristes visant l'interdiction et la poursuite en justice des personnalités politiques qu'ils n'aiment pas, ni devant la pratique scélérate d'annuler et de réviser des élections.

Nombreux sont ceux qui craignent les idées de George Simion qui songe à réunir la Roumanie et la Moldavie. À cela, je voudrais répondre que l'actuelle présidente moldave Maïa Sandu, une mondialiste et une protégée de Soros, est en opposition directe aux principes de souveraineté de Simion. Par conséquent, dans ce contexte, il est évident qu'il y aura un malentendu total entre eux. Et je n'exclus même pas que la Roumanie devienne bientôt plus proche de la Russie que la Moldavie, qui nous était si chère et si proche.

Mais aujourd'hui, le plus important est que ces élections aient encore pu avoir lieu. Pour que les Roumains puissent exprimer souverainement leur volonté et que les mondialistes européens, qui ont instauré leur dictature libérale, y compris en Roumanie, ne puissent plus perturber cette libre expression de la volonté du peuple roumain orthodoxe.

mercredi, 07 mai 2025

France d’abord !

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France d’abord !

Pierre-Emile Blairon & Georges Gourdin

La nouvelle Amérique de Donald Trump base sa doctrine sur deux slogans : America First et Make America Great Again.

Le premier signifie : l’Amérique d’abord et le second : Rendons sa grandeur à l’Amérique !

Donald Trump a rassemblé ces deux slogans en une attitude clairement exprimée : l’Amérique doit retrouver sa puissance, fondée sur son génie entrepreneurial couplé à sa foi chrétienne : Bible and business, deux pivots essentiels de la vie américaine qui la rattachent à ses origines fondatrices : les Pilgrims.

La nouvelle Russie qui est née après l’effondrement du communisme n’a pas de slogan mais sa conduite se base sur ce qui l’a déterminée : sa spiritualité, son âme, ce qui a été appelée : l’âme russe, un concept défini par deux de ses plus grands génies littéraires, Pouchkine et Dostoïevski [1] ; de manière plus prosaïque, à notre époque contemporaine, la nouvelle âme russe consiste, pour le plus grand pays du monde englobant onze fuseaux horaires, à puiser dans ce qu’il y a de meilleur dans ses différentes composantes et ce qu’il y a de meilleur dans son histoire.

La nouvelle Chine s’appuie également sur le patriotisme économique pour soutenir son développement. Le gouvernement chinois promeut activement l’achat de produits et services nationaux à travers des campagnes comme « Made in China » et des politiques favorisant les entreprises locales, notamment dans les secteurs stratégiques comme la technologie (ex. Huawei, BYD). Ce patriotisme économique est également visible dans les appels à soutenir les marques chinoises face aux concurrents étrangers, souvent relayés par les médias d’État et amplifiés sur des plateformes comme Weibo. Des boycotts de marques étrangères (comme Nike ou H&M) ont été encouragés tandis que l’oligarchie mondialiste veut l’interdire.

Chine d’abord s’inscrit dans une stratégie plus large pour atteindre la domination dans des industries clés (semi-conducteurs, IA).

Il n’y a pas de nouvelle France ; face à ces trois géants, elle aurait pu se réveiller dans le cadre d’une nouvelle Europe des peuples ; mais le destin de la France et celui de l’Europe ont été détournés, comme nous l’avons maintes fois expliqué, par le rapt américain d’après-guerre qui les ont contraintes à se soumettre aux diktats politiques et culturels américains, eux-mêmes dévalués dans le satano-mondialisme woke, avant que Trump n’y mette le holà.

« L’Europe se fera au bord du tombeau » : on a faussement attribué cette citation visionnaire à Nietzsche ; elle n’en reste pas moins valide. En attendant, les véritables Européens de cœur, quel que soit leur pays d’origine, ne souhaitent qu’une chose : voir la disparition de cette fausse Europe mondialiste qui nous a été imposée et qui détruit nos pays et nos vies en se transformant de plus en plus vite en un monstre totalitaire totalement corrompu.

Quelques signaux électoraux récents semblent indiquer que les peuples européens réalisent enfin qu’ils ont été manipulés pendant de longues années et soumis à l’emprise d’un énorme mensonge.

En attendant cette hypothétique réveil, les Français, comme les autres Européens, doivent, eux aussi, retrouver, au moins individuellement, pour chaque peuple, les valeurs qui ont fait leur grandeur, comme le suggérait le vice-président américain J. D. Vance.

Quelles valeurs françaises ?

Jean-Marie Le Pen a eu le mérite de porter l’étendard d’une France du réveil qui réclamait, en premier lieu, le retour à la préférence nationale. Le talent oratoire, le courage dont il a fait preuve et sa résilience à contrer toutes les attaques dont il était constamment l’objet, honoraient le personnage, certains de ses égarements qu’il voulait facétieux ont eu raison de l’homme ; et c’est sa fille qui lui a donné le coup de grâce.

Jean-Marie Le Pen était cependant porteur de toutes les valeurs qui ont fait que la France éclairait le monde par sa culture et son intelligence avant la catastrophe révolutionnaire qui, par une confondante inversion des valeurs, se présentait comme le nouveau « mouvement des Lumières ».

Les valeurs qui ont fait la renommée de la France n’étaient pas des valeurs boursières.

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C’étaient les valeurs chevaleresques élaborées initialement au Moyen-Âge, valeurs authentiquement aristocratiques, (« aristocratie » signifiant le gouvernement des meilleurs) et authentiquement indo-européennes, tirant donc leur légitimité de nos plus anciennes origines.

Nous avons exposé dans le détail le contenu de ces valeurs dans un article précédent [2].

Il suffisait, pour un grand parti national, de suivre ce chemin pour, a minima, conserver l’identité du peuple français et préserver les bases d’un renouveau.

C’est alors même que le peuple français affirmait sa volonté de renouer avec ses valeurs ancestrales en votant massivement pour le Rassemblement national que ce dernier, sous la direction de Marine Le Pen, s’est activé à ne surtout rien faire dans le sens de ce renouveau national et s’est entièrement donné à un Ordre mondial devenu moribond après la victoire de Trump aux Etats-Unis.

Nous nous trouvons donc à soutenir une Union européenne présentant toutes les caractéristiques d’un Etat totalitaire en complet décalage avec les aspirations des peuples qui le composent.

Sur le plan politique, l’adhésion du RN à l’Ordre mondial par l’intermédiaire de sa courroie de transmission dite « européenne » l’a conduit à nier toutes ses valeurs et, donc, à bafouer l’espérance des Français.

Les valeurs chevaleresques ne consistent pas seulement à défendre la veuve et l’orphelin ; elles exigent aussi de ne pas occulter « le massacre des innocents » dont se rend coupable le parti de Marine Le Pen en s’alignant sur les directives de l’Ordre mondial en déshérence ; deux exemples :

 - Le RN, à présent contrôlé par le Pouvoir en place, ne cesse de se compromettre avec l’Ordre mondial en admettant le massacre en cours de la minorité palestinienne (50.000 morts, femmes et enfants, à ce jour) sous prétexte qu’Israël se « défend ». Cette fausse opposition élue, qui ne s’intéresse qu’à préserver ses prébendes, ne doit pas espérer qu’Israël viendra aider ses électeurs lorsque le djihad sera déclenché en France, Israël ne s’intéresse qu’à Israël. Et les intérêts de la France ne sont pas ceux d’Israël.

 - Autre prise de position aberrante qui va à l’encontre des valeurs françaises: l’acharnement avec lequel ce parti veut prouver qu’il se situe dans « le camp du bien » en manifestant son mépris pour le peuple russe; c’est ainsi que son Président, le jeune et ambitieux Bardella n’a pas hésité à se compromettre en militant pour la saisie (en clair : le vol) des avoirs russes en Europe.

Rappelons que, en 2022, tardivement et après maintes tergiversations, la Russie est intervenue en Ukraine afin de protéger ses ressortissants russophones du Donbass qui se faisaient massacrer par les otano-ukrainiens depuis 2014 (14.000 morts sans que cela ne dérange l’Europe de Bruxelles pendant huit longues années).

Il ne faut pas tout mélanger,

  • politique intérieure (ce n’est pas parce qu’on condamne le massacre des Palestiniens qu’on est pro-LFI),
  • politique extérieure (ce n’est pas parce qu’on condamne le massacre des russophones qu’on est pro-russe).

La France ne doit avoir de préoccupation que de ses propres intérêts d’abord, comme tous les pays du monde et, en attendant des jours meilleurs, elle est tenue de préserver ses valeurs si durement et si noblement acquises.

Notes:

[1] « Tous les Russes de l’avenir se rendront compte que se montrer un vrai Russe, c’est chercher un vrai terrain de conciliation pour toutes les contradictions européennes ; et l’âme russe y pourvoira, l’âme russe universellement unifiante qui peut englober dans un même amour tous les peuples, nos frères » (Dostoïevski, Discours sur Pouchkine (1880)).

Une définition on ne peut plus d’actualité qui montre combien la Russie était originellement proche de l’Europe.

[2] L’être « sigma » :manipulation CIA-woke-LGBTQ+ ou résurgence des valeurs chevaleresques ? 9 février 2025

Seule au monde: comment l'UE se retrouve entre les puissances mondiales et perd de son influence

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Seule au monde: comment l'UE se retrouve entre les puissances mondiales et perd de son influence

Lothar Renz

Source: https://report24.news/allein-auf-weiter-flur-wie-die-eu-z...

Dans un monde de plus en plus marqué par les alliances stratégiques, la concurrence économique et les blocs de puissance géopolitiques, l'Union européenne se retrouve souvent seule. Les relations avec la Russie, la Chine et les Etats-Unis sont tendues - non pas dans une hostilité ouverte, mais dans une phase de méfiance, de réorientation et d'absence de véritable partenariat. Dans ce contexte, l'UE n'apparaît pas comme un médiateur ou une force autonome, mais de plus en plus comme un observateur de la politique étrangère - isolée, hésitante et divisée en son sein.

Russie : pas de rapprochement en vue, mais pas non plus de substitut au dialogue

L'attaque russe contre l'Ukraine a laissé une profonde césure dans les relations entre l'UE et la Russie. Depuis, les relations sont marquées par des sanctions, une distance politique et une rupture généralisée de la coopération économique. Pourtant, la Russie reste un acteur central de l'architecture de sécurité européenne. Même pendant la guerre froide, les liens économiques, par exemple dans le domaine de l'énergie, ont continué à fonctionner.

Aujourd'hui, la volonté politique d'ouvrir des perspectives à long terme fait souvent défaut. L'Europe mise sur le cloisonnement - mais comme les observateurs politiques internationaux l'ont souligné à plusieurs reprises, cela risque d'entraîner une perte d'influence à long terme, notamment dans des régions comme l'Europe de l'Est et l'Asie centrale, où la Russie reste active.

La Chine: entre intérêt économique et aliénation politique

Pour l'Europe, la Chine est à la fois un partenaire commercial important et un rival systémique. Selon un rapport d'Euronews Business, l'introduction par l'UE de droits de douane punitifs sur les véhicules électriques chinois était une réaction aux subventions massives accordées par le gouvernement chinois. Cela a suscité de vives critiques à Pékin - le conflit commercial est donc officiellement ouvert.

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Sur le plan politique, les relations ont encore été mises à mal par les déclarations de la ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock. Lors d'une visite à Pékin, elle a ouvertement qualifié la Chine de « concurrent systémique » et a critiqué son approche de Taïwan et sa proximité avec la Russie. Le Frankfurter Allgemeine Zeitung avait alors commenté que cette rhétorique était certes cohérente, mais qu'elle ne laissait guère de place à un mouvement diplomatique.

Entre le souhait de conditions commerciales équitables et la nécessité de canaux diplomatiques, l'UE est aujourd'hui confrontée à un difficile exercice d'équilibre.

États-Unis : un partenariat étroit, mais des priorités différentes

Les relations avec les États-Unis restent étroites - mais elles sont devenues plus complexes. L'« Inflation Reduction Act », un énorme programme américain de subventions pour les technologies vertes, désavantage nettement les entreprises européennes sur le marché mondial. Comme l'a analysé entre autres le portail sectoriel Klean Industries, de nombreux pays de l'UE ont des difficultés à réagir avec des investissements publics comparables.

Des différences apparaissent également en matière de politique étrangère. Alors que Washington agit souvent avec plus de détermination sur les questions géopolitiques, l'UE manque souvent d'unité pour réagir avec une ligne claire. Cette asymétrie de rythme et de priorité a été reprise à plusieurs reprises dans des analyses du Süddeutsche Zeitung et du Monde : Les Etats-Unis agissent, l'Europe discute.

Conclusion: l'Europe - seule parmi les géants

Ce qui reste, c'est une Europe entre trois grandes puissances - toutes avec des stratégies claires et des intérêts nationaux. L'UE, en revanche, se débat avec elle-même. 

Pas de véritable alliance avec la Russie, une relation de plus en plus perturbée avec la Chine, et un partenariat transatlantique qui dépend plus du cours américain que de sa propre initiative : l'Europe est de plus en plus seule sur la scène mondiale. 

L'idée politique de l'Europe - en tant que médiateur, communauté de valeurs et contrepoids économique - perd de sa force de rayonnement si la puissance économique n'est pas traduite en capacité d'action politique.

Si l'Europe ne veut pas sombrer davantage dans l'insignifiance politique mondiale, elle doit apprendre à défendre ses intérêts avec force, mais aussi avec habileté stratégique. La clé réside dans l'unité - et dans le courage d'imprimer sa propre marque dans la politique mondiale.

 

lundi, 05 mai 2025

Les droits de douane américains vont frapper l'Europe de plein fouet

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On ne se lasse jamais des devoirs

Les droits de douane américains vont frapper l'Europe de plein fouet

Lorenzo Maria Pacini

Source: https://telegra.ph/Non-si-%C3%A8-mai-sazi-di-dazi-04-30

Les droits de douane américains vont frapper l'Europe de plein fouet, et l'Europe, une fois de plus, se retrouve non seulement prise au dépourvu, mais victime de sa soumission à l'impérialisme américain, après avoir été soumise à l'impérialisme britannique.

Au mauvais moment

L'état des lieux des équilibres géoéconomiques en Occident

Je vois arriver comme un coup de tonnerre les tarifs douaniers américains. Ce n'est pas un mince problème quand on sait que la situation économique du continent européen est déjà notoirement mauvaise et qu'elle s'enfonce inexorablement dans le néant. Plus problématique encore si l'on pense que ces droits arrivent au moment même où la Commission européenne se vantait de vouloir investir 800 milliards d'euros pour faire la guerre à la Russie. Bref, un bien mauvais timing.

Faisons le point sur la situation.

Le gouvernement américain impose des droits de douane, le lendemain les marchés s'effondrent, la Chine réagit, encore un jour et Trump les supprime, puis ils reviennent. Entre-temps, la spéculation a explosé et ceux qui devaient en profiter l'ont fait. Bien sûr, l'Europe n'était pas sur la liste des heureux gagnants de la loterie.

Ce qui se passe est pire que prévu, car s'il est vrai que les droits de douane sont utilisés plus ou moins comme des sanctions, et donc comme un outil de dissuasion, il est également vrai qu'ils sont généralement appliqués contre des adversaires, des ennemis ou tout au plus des concurrents effrontés, mais pas contre ses « alliés » (= soi-disant...), et c'est précisément cette logique qui devrait amener les États européens à réfléchir à la vérité de la relation politique entre les États-Unis et l'Europe.

Que faire ?

Les tarifs douaniers introduits par Donald Trump marquent un nouveau chapitre dans les relations économiques entre l'Europe et les États-Unis, rompant brutalement avec les politiques de libre-échange qui ont dominé les trente dernières années. Le 2 avril 2025 a été baptisé « Jour de la libération » par le président américain, symbolisant l'abandon par les États-Unis de l'approche mondialiste du commerce et l'adoption d'un protectionnisme visant à corriger ce que Washington considère comme des déséquilibres structurels au détriment de l'économie américaine. Ce n'est pas la première fois que cela se produit en Amérique, vous savez, mais le coup est porté au moment même où l'UE est confrontée à des dépenses de guerre insensées. Cela ressemble presque à une aide à la Russie.

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Ce n'est pas la première fois que Trump a recours aux droits de douane: dès son premier mandat, il avait lancé une confrontation commerciale avec la Chine. Cette fois-ci, cependant, l'attaque est plus structurée et à plus grande échelle. Une soixantaine de pays sont visés par les États-Unis, avec des droits de douane allant de 20 à 25% pour l'Europe et à 54 % pour la Chine. Les mesures entreront en vigueur en deux phases: le 5 avril avec un tarif généralisé de 10%, puis le 9 avril avec des taux différenciés pour chaque pays.

En adoptant des droits de douane de 20 à 25 % sur les marchandises en provenance de l'Union européenne, les États-Unis ramènent l'économie mondiale des décennies en arrière, à l'époque du protectionnisme et de l'isolationnisme des années 1930.

L'UE pourrait payer un lourd tribut à ces mesures: le PIB devrait chuter deux fois plus que celui des États-Unis, soit 0,4 % contre 0,2 % respectivement. Et c'est là que l'on peut observer un détail intéressant: c'est précisément l'Allemagne, le pays choisi pour diriger Rearm Europe, qui souffrira. Officiellement, c'est le secteur automobile qui est touché, mais en général, c'est toute la chaîne de production et d'approvisionnement du secteur métallurgique qui est affectée. En bref, Rheinmetall aura du mal à produire à la fois des Volkswagen à hayon et des chars d'assaut pour conquérir Moscou.

Que fera l'UE ?

L'UE s'est déclarée prête à réagir, mais elle tentera d'abord la voie diplomatique, en espérant que quelqu'un à Washington l'écoutera.

Dès le 12 avril, Bruxelles pourrait imposer des droits de douane d'une valeur maximale de 26 milliards d'euros sur les produits américains. Ursula von der Leyen a déclaré que l'Europe restait ouverte au dialogue, mais a averti que l'augmentation des droits de douane finirait par nuire à tout le monde en faisant grimper les prix mondiaux.

Il est clair que la perspective actuellement privilégiée par la gouvernance européenne est celle de la contre-attaque - avec la pieuse illusion de pouvoir réussir: ils devront se demander s'il faut laisser faire et varier la politique monétaire, en profitant de l'introduction de l'euro numérique (qui sera de toute façon opérationnel à partir d'octobre et constituera un instrument de contrôle social très puissant); ou bien Bruxelles pourrait introduire des droits de douane allant jusqu'à 26 milliards d'euros sur les marchandises américaines dès le 12 avril. Ursula von der Leyen a déclaré que l'Europe restait ouverte au dialogue, mais a averti que l'augmentation des droits de douane finirait par nuire à tout le monde en augmentant les prix mondiaux.

Comme l'a suggéré M. Tagliamacco, il pourrait s'agir d'une occasion historique pour l'UE de se désengager de l'influence américaine et de s'ouvrir à des alternatives, mais le scénario européen semble assez sombre. La crise économique qui frappe le continent, et qui menace de s'aggraver, pourrait être abordée de deux manières si la classe dirigeante était différente. La première consiste à renforcer les relations avec la Chine. La sortie de l'Italie de la route de la soie a été un choix à courte vue: il est au contraire crucial de maintenir des relations solides avec Pékin pour stimuler le commerce. De même, il convient de rétablir le lien avec la Russie, qui fournissait à l'Europe du gaz à des prix plus avantageux que ceux imposés par les États-Unis.

La deuxième voie est interne : stimuler la consommation. Depuis la fin des années 1990, les salaires réels sont restés comprimés, ce qui a pesé sur la demande intérieure. L'Italie doit reconstruire son marché intérieur, augmenter les revenus et stimuler les dépenses. Pour ce faire, elle a besoin d'un bloc social fort, capable de s'opposer au néolibéralisme qui a conduit à l'appauvrissement généralisé du pays.

Pour relancer les relations entre l'UE et la Chine, il est essentiel de surmonter les fortes divergences liées à l'énorme excédent commercial de la Chine et aux obstacles qui limitent l'accès à son marché intérieur. Selon des articles de presse, l'Europe est également préoccupée par le soutien continu de Pékin à la Russie dans la guerre en Ukraine.

Récemment, la Chine a envoyé des missions commerciales dans plusieurs capitales européennes, tandis que ses industries envisagent de diriger une partie de leurs exportations vers les marchés européens. Les dirigeants européens ont également exprimé publiquement leur intention de renforcer la coopération bilatérale, ce qui contraste fortement avec les appels précédents à « réduire les risques » liés à la dépendance vis-à-vis des chaînes d'approvisionnement chinoises.

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Très doux, pas trop de pouvoir

La signification politique de cette action devrait donner à réfléchir.

Les États-Unis tentent d'envoyer un message clair à l'Europe dans son ensemble, tant à ses dirigeants qu'à ses citoyens. Aux premiers, ils disent clairement, par un langage subtil, que certains choix internationaux ne sont pas à leur goût.

Les États-Unis veulent maitriser leurs relations avec la Russie et la Chine, tout en étant prêts à envoyer les Européens à la guerre sans état d'âme. De plus, il est rappelé que l'euro est une création destinée à maintenir le continent européen sous l'hégémonie du dollar, de sorte que toute tentative de diversification de la structure monétaire des pays membres doit être considérée comme « dangereuse » et « inappropriée ». Les États-Unis ont déjà perdu suffisamment de terrain commercial, perdre l'Europe également n'est certainement pas l'une des meilleures voies à suivre. Les dirigeants européens ne sont pas omnipotents et, surtout, ils ne gouvernent pas chez eux.

Les gens semblent vouloir qu'on leur dise qu'il y a un changement dans l'ordre du pouvoir, de sorte qu'une certaine « coopération » sera la bienvenue et conduira à une approbation et à une récompense agréables de la part du maître d'outre-mer. L'Europe ne devrait certainement pas aller de pair avec la Russie et tous les autres monstres, les "super-vilains" d'Asie.

En bref, l'Europe, une fois de plus, se retrouve non seulement mal préparée, mais victime de sa soumission à l'impérialisme américain, après avoir été soumise à l'impérialisme britannique.

Qui sait si lorsque les peuples se retrouveront à devoir se battre pour un morceau de pain, ils comprendront que ce ne sont pas les politiciens qui changeront la condition de cet esclavage.

vendredi, 02 mai 2025

L'OTAN est désormais une alliance de guerre - Interview du général Fabio Mini

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L'OTAN est désormais une alliance de guerre

Interview du général Fabio Mini

Source: https://www.sinistrainrete.info/geopolitica/30346-fabio-m...

Nous publions la transcription intégrale de l'interview du général Fabio Mini du 4 avril, publiée en avant-première exclusive.

Le 18 avril sort votre livre sur l'OTAN. Comment jugez-vous l'attitude de Trump à l'égard de l'Alliance ?

Nous vivons une période de crise, y compris pour l'OTAN, et la situation pourrait même s'aggraver. En examinant l'organisation et ses récentes décisions, je voudrais souligner que tant que Stoltenberg et Biden étaient là, l'OTAN s'est complètement rangée à l'unisson contre la Russie et s'est déclarée prête à la guerre. 

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Dans mon livre « La NATO in guerra » (éd. Dedalo, éd.), j'ai essayé d'analyser pourquoi l'OTAN s'est dégradée par rapport à son idée initiale d'Alliance atlantique. L'organisation est devenue une institution purement guerrière, orientée vers un ennemi spécifique et non hypothétique. Lors du dernier sommet de Madrid en 2022, l'OTAN a reconnu la Russie et le terrorisme comme des ennemis actuels et imminents. Telle était l'attitude au moment de l'intervention de Rutte, et Trump n'avait pas encore pris le contrôle des États-Unis.

Après que Trump a commencé à négocier avec Poutine, Rutte est resté silencieux et n'a pas attisé les tensions de manière publique et flagrante. À mon avis, il fait un travail similaire à celui de Stoltenberg, mais de manière plus discrète. Cela montre que l'OTAN est toujours derrière ces initiatives, soutenue par des pays comme la France et la Grande-Bretagne, qui veulent maintenant unir leurs forces. Certains rêvent d'une armée européenne, mais constatent qu'il n'y a pas aujourd'hui d'Europe capable d'avoir sa propre armée. Ils s'appuient sur le fait que l'on dépense beaucoup d'argent pour réarmer les pays, en prétendant que cela permettra de créer une armée efficace contre la Russie. À mon avis, cet argument est erroné. 27 armées ne font pas une armée européenne, et 32 encore moins. Je pense que l'OTAN doit être réformée sur le plan institutionnel : le traité et certains points doivent être révisés, mais il ne faut pas tout détruire. L'OTAN n'est pas seulement le traité de l'Atlantique Nord, c'est aussi une organisation importante : d'un point de vue militaire, sans compter la partie politique, l'OTAN est sans égal.

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Aucune autre organisation internationale n'a la même capacité à mener des opérations et à trouver des ressources. La structure de l'OTAN est forte et bien organisée, avec des centres de communication, des installations satellitaires et le contrôle du ciel et des mers. Ces structures dépendent à 90% des ressources américaines, pas seulement de l'argent, comme le dit Trump, mais des installations fournies par les États-Unis. Si les États-Unis devaient se séparer complètement de l'OTAN, cela conduirait à un effondrement total. Les États-Unis n'auraient plus d'organisation à qui s'adresser ou donner des ordres sur le théâtre européen. Je constate que la Grande-Bretagne, l'Allemagne et surtout la France veulent créer une « coalition des volontaires », qui cache en réalité une volonté de former une OTAN européenne. Si les Américains ne sont pas d'accord, ils voudront faire autre chose.  Je me souviens bien de l'époque où l'OTAN, qui était transatlantique, s'opposait au Pacte de Varsovie, qui était purement continental et européen.

À mon avis, ce que la Grande-Bretagne, la France, l'Allemagne et d'autres veulent créer, c'est un nouveau Pacte de Varsovie mais, cette fois, dirigé contre la Russie comme pour marquer le début d'une guerre ouverte et illimitée entre l'UE et la Russie. Lorsque nous disons « sans limites », nous voulons dire que toutes les lois et tous les accords visant à limiter les armes, en particulier les armes nucléaires, n'existeront plus. Les États-Unis se sont retirés des accords START et des accords sur les missiles de théâtre et intercontinentaux. Si l'UE crée une « coalition de volontaires » pour faire face à la Russie, elle doit reproduire ce dont l'OTAN dispose, mais sans le soutien des États-Unis pour l'infrastructure et le commandement. Cela pourrait nuire à Trump et aux États-Unis, qui ne quitteront pas l'OTAN. Le pont transatlantique est crucial pour eux, au moins pour maintenir le commandement stratégique européen.

Vous ne croyez donc pas à la possibilité que les États-Unis quittent l'OTAN?

Les États-Unis pourraient toutefois limiter leur intervention militaire dans l'OTAN tout en conservant un contrôle politique et décisionnel sur cette organisation. Avec Trump, les États-Unis pourraient perdre l'attrait qu'ils exerçaient sous d'autres présidents. L'UE espère que Trump ne durera que quelques années et qu'ensuite nous pourrons revenir à un ordre transatlantique différent et avoir un rôle à jouer en Ukraine, non seulement pour la reconstruction, mais aussi pour favoriser une intervention directe.

Si, comme vous le prétendez, l'hypothèse d'un réarmement rapide est fondamentalement irréaliste, pensez-vous que ce plan de réarmement, plutôt que d'être dirigé contre la Russie, vise à imposer une économie de guerre aux peuples européens ?

Je voudrais vous remercier de m'avoir rappelé une chose que j'ai dite il y a longtemps et qui reste valable dans la situation actuelle. Le conflit, bien que prolongé, est de nature conventionnelle. La Russie n'a pas l'intention d'utiliser des armes nucléaires, le conflit demeure de ce fait conventionnel.

Les perspectives sont une projection de ce que nous faisons dans le présent. Si nous nous préparons à la guerre contre la Russie, l'avenir sera une guerre contre la Russie : pour l'éviter, il faudrait un événement extraordinaire ou un miracle. Si l'on se prépare à la guerre, contrairement à ce que certains ont dit dans le passé, on veut la guerre.

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Actuellement, certains pays de l'OTAN et de l'UE planifient une intervention militaire en Ukraine, en dehors de l'alliance, avec ceux que l'on appelle les « volontaires ». Ils disent vouloir la victoire de l'Ukraine, mais pour ce faire, ils ont besoin d'un plan de réarmement européen d'ici 2030, avec un montant hypothétique de 800 milliards d'euros pour construire des armées capables d'intervenir contre la Russie. Mais cette idée, que je considère comme une folie, est possible. Mais quelle est sa probabilité ? Nous, militaires, avons l'habitude de penser en termes de probabilités et non de possibilités. Ce qui est probable, c'est que ce plan n'a pas pour but premier de lutter contre la Russie, mais d'avoir un effet dissuasif. Toutefois, cette dissuasion ne fonctionnera pas. Il s'agit avant tout de réarmer les nations européennes, ce qui signifie créer de nouvelles industries ou moderniser les industries existantes pour produire des armes, en déplaçant la production des besoins économiques et sociaux vers les besoins militaires. Les 800 milliards prévus jusqu'en 2030 ne serviront qu'à renforcer les armées des 27 pays concernés. Connaissant un peu le fonctionnement des armées, nous nous demandons si ces fonds, en particulier ceux destinés à l'Allemagne, serviront uniquement aux armées ou également aux industries. Ils serviront probablement à bien d'autres choses.

Si l'Italie se voyait attribuer, par exemple, 100 milliards sur ces 800 milliards pour renforcer l'armée et l'envoyer en Ukraine, il faut réfléchir à ce que cela implique. Tout d'abord, 100 milliards devront être dépensés pour appeler les gens à prendre les armes. Tout le monde parle des armes, mais pas des hommes qui doivent se battre. Cet argent servira à remettre sur pied le système de mobilisation, ce qui a un coût social énorme. Historiquement, toute mobilisation débouche sur une guerre ou une révolution interne. Les milliards seront principalement consacrés aux systèmes d'armes, les avions étant les plus chers et devant être achetés aux Américains, ainsi que les chars, les missiles et tous les systèmes d'artillerie. Si nous voulons les produire nous-mêmes, cela prendra au moins dix ans, et non cinq.

Il est essentiel que ces 800 milliards soient disponibles au cours des deux prochaines années pour soutenir l'effort de guerre contre la Russie. Dans le cas contraire, le réarmement pourrait s'avérer un désastre, voire un simple renforcement psychologique. De plus, ce réarmement pourrait provoquer la Russie, qui ne peut se permettre une guerre conventionnelle avec l'Europe et pourrait répondre avec des armes nucléaires tactiques.

Vous avez affirmé que la confrontation avec la Russie serait de nature conventionnelle. Avec ces 800 milliards d'euros, dans combien de temps l'UE sera-t-elle prête à la guerre ? Pensez-vous que des hommes seront envoyés en Ukraine ?

J'ai écrit à ce sujet dans mon livre précédent, qui reste d'actualité. La guerre est dirigée contre l'Europe et les pays européens. Le réarmement est également contre l'Europe. Passer d'une économie libre à une économie de guerre ne fonctionne pas. J'ai parlé de la mobilisation, pas tant de la conscription que de la création de réserves. Nous devrions mobiliser toutes les personnes physiquement aptes âgées de 18 à 64 ans, prêtes à l'action: j'ai écrit à ce sujet dans Fatto Quotidiano.

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L'Ukraine n'a pas réussi à faire de sa guerre contre la Russie une guerre populaire. Elle n'a pas su mobiliser la population. Les premiers volontaires, ceux qui se sont présentés, étaient tous politisés et extrémistes, comme le souligne une étude que j'ai citée dans un article du Fatto Quotidiano. Cette étude a été présentée par deux économistes, l'un néerlandais et l'autre finlandais.

En Ukraine, l'armée actuelle est encore principalement composée de ces volontaires politisés et idéologisés, et non de la population en général. En Europe, si nous osions proposer une nouvelle mobilisation pour la guerre ou la défense, nous ne tiendrions pas socialement. Nous ne pouvons pas nous le permettre socialement. Les ressources pour le réarmement et la guerre ne viennent pas de nulle part. Si c'était le cas, cela signifierait qu'elles n'existent pas vraiment. De nombreux économistes discutent déjà de ce problème: où trouverons-nous 800 milliards? Nous pouvons émettre 200 milliards de bons du Trésor européen, mais ce n'est que de la dette. Il n'y a pas de ressources réelles, ni sociales, ni humaines, ni de consensus pour une telle opération.

Je considère cette opération comme une forme de profit immédiat à court et moyen terme, conçu pour canaliser les ressources vers des industries qui ne visent pas à gagner contre la Russie, mais à minimiser les pertes de l'Ukraine. Cela permettra une deuxième « débauche » d'argent et de ressources lors de la reconstruction de l'Ukraine. Il s'agit d'une astuce de bureaucrates et de technocrates qui se fichent éperdument des implications humaines et sociales de leurs décisions.

Je voudrais maintenant évoquer brièvement le président du comité militaire de l'OTAN. Il s'agit actuellement d'un amiral italien, alors qu'il s'agissait auparavant d'un amiral néerlandais nommé Bauer. Fin 2024, Bauer a participé à un forum avec plusieurs hommes d'affaires. L'amiral Bauer a parlé de la nécessité pour l'Ukraine de gagner contre la Russie et a déclaré, de manière presque brutale, que pour les dix prochaines années, il est bon d'investir dans les armes, car c'est une bonne affaire. Il a ajouté que, même si cela peut paraître déplaisant à dire, il y aura des morts derrière ces opérations, mais que, du point de vue de l'investissement, c'est rentable. Deux mois plus tard, von der Leyen disait la même chose, proposant de constituer un trésor de 800 milliards pour faire un bon investissement afin de faire un bon profit.

Que doit faire l'Italie, manifestement déchirée dans son choix entre le père américain et la mère européenne ?

L'Italie est orpheline. Elle n'a pas de « père » américain, même si j'aime le peuple américain, que j'ai vécu aux États-Unis et que j'ai pris trente kilos en mangeant leur nourriture. Les États-Unis n'ont jamais été le père de personne; ils n'ont jamais pensé à l'avenir de leurs enfants, mais seulement à celui de leurs serviteurs. Nous ne pouvons pas revenir à cette situation. Si je devais conseiller quelqu'un, je dirais d'éviter de nous mettre à genoux sur la question des droits de douane. Trump cherche à humilier ses interlocuteurs, même s'il dit s'entendre avec Poutine. Il veut aussi humilier Starmer, à qui il a accordé des droits de 10% pour cette seule raison.

L'Italie doit se réorganiser pour exploiter ses ressources.

Nous devons regarder au-delà des États-Unis et considérer le reste du monde, qui représente 80% du marché mondial. Nous ne pouvons pas dépendre d'un seul client riche, mais devons explorer d'autres voies.

Nous parlons d'un « dos droit », mais attention: un dos droit peut aussi être courbé à 90°. Nous devons négocier techniquement, en remettant en cause ce qui ne va pas. L'Italie a de nombreuses cartes à jouer, comme l'OTAN, où nous avons un amiral qui peut faire beaucoup s'il est soutenu par un gouvernement aux idées claires.

Nous devons ouvrir le marché à d'autres réalités, en laissant de côté les idéologies et les projets d'exploitation. Nous pouvons exercer une influence en Afrique et au Moyen-Orient, en nous désengageant de l'idéologie américaine. Lorsque nous nous sommes lancés dans la guerre en Ukraine, nous l'avons fait avec le régime de Biden, plus axé sur l'énergie de guerre que celui de Trump. Nous devons servir les intérêts nationaux, et pas seulement suivre les États-Unis.

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Les tarifs douaniers ne concernent pas seulement les nations, mais aussi les industries. Politiquement, nous ne pouvons pas nous abaisser au niveau du marchandage. L'Italie doit également commencer à se faire entendre en Europe. L'Union européenne et l'OTAN ont accueilli des pays ayant des ambitions contre la Russie, mais nous, comme nous l'entendons souvent, n'avons jamais été en guerre avec la Russie. Cependant, nous participons à cette aventure pour soutenir une intervention armée, mais nous devons être clairs sur ce que nous voulons.

L'intervention armée dont on parle est une transition vers une trêve ou une paix négociée. En réalité, on veut mettre les forces européennes en contact direct avec la Russie, un piège dans lequel Zelensky nous a poussés. Nous ne pouvons pas nous permettre de mettre notre tête dans les bois de la guillotine. Nous devons avoir le "dos droit" et ne pas céder à ce que nous imposent les États-Unis ou l'Angleterre, qui poursuit son dessein impérial, surtout en Europe du Nord. Nous, Italiens, dans le sud de l'Europe, devons cesser d'apporter de l'eau au moulin de ceux qui ne veulent pas de nous et qui nous haïssent.

Le moteur logistique du développement économique de l'Asie. L'Italie choisit les armes et les tergiversations

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Le moteur logistique du développement économique de l'Asie. L'Italie choisit les armes et les tergiversations

Enrico Toselli

Source: https://electomagazine.it/la-logistica-motore-dello-svilu...

L'INSTC, le corridor de transport international nord-sud, est le système logistique actuellement en construction entre l'Inde, l'Iran et la Russie. Il ne s'agit pas d'une alternative en concurrence avec la Route de la Soie chinoise, mais d'une alternative en complément du projet de Pékin. Parce que l'Asie bouge, et bouge vite. Elle sait qu'un système logistique efficace est la base d'un développement économique sain et durable.

Moscou, New Delhi et Téhéran construisent donc des ports et des voies ferrées pour créer un système qui acheminera les marchandises au cœur de l'Europe avec une économie de 30% par rapport au passage par le canal de Suez et ce, avec un temps de trajet encore réduit. Mais la destination finale ne sera pas uniquement l'Europe. En effet, le gaz russe atteindra également le Pakistan d'une part et, via l'Iran, l'Afrique, d'autre part. Il en va de même pour les marchandises.

Deux aspects sont à noter. L'Inde et le Pakistan ne sont pas des pays alliés, c'est le moins que l'on puisse dire, mais le projet indo-russo-iranien concerne également Islamabad. Il en va de même pour l'Afrique, où le corridor INSTC utilisera également les chemins de fer construits par la Chine. Preuve concrète que les accords économiques et commerciaux peuvent aussi surmonter les problèmes politiques et les rivalités historiques.

Par ailleurs, l'objectif d'atteindre l'Europe par le réseau ferroviaire va également dans ce sens. Tant pour le corridor INSTC que pour la route de la soie. Il est clair que les pays habitués à penser à moyen et long terme peuvent se ficher éperdument de la présence momentanée d'illuminés bellicistes à Bruxelles. Les euro-fous passent, le commerce international reste. Marco Polo devrait être étudié plus attentivement, de même qu'Alexandre le Grand. L'ignorance des Euro-fous, elle, est abyssale.

Il y a cependant un autre aspect qui pourrait inquiéter l'Italie, si elle avait un vrai ministre des affaires étrangères et un bon ministre qui s'occuperait des entreprises italiennes. Les deux projets logistiques semblent ignorer la Méditerranée et être des alternatives à Suez. Ce n'est pas tout à fait le cas. En effet, c'est Erdogan qui protège la Méditerranée en négociant avec Pékin et Moscou. Et Poutine est également engagé dans un dialogue avec l'Azerbaïdjan, un pays lié à la Turquie. Le grand système logistique asiatique arrivera donc aussi, directement et à terme, sur les rives de la Méditerranée.

Il s'y heurtera aux inefficacités italiennes. Autoroutes encombrées, chemins de fer avec des retards indécents, délais ridicules pour la construction de nouvelles lignes ferroviaires, réduction du service entre Turin et Venise-Trieste, c'est-à-dire le long de la ligne qui devrait être la continuation de celle qui fait Turin-Lyon.

Mais l'argent sert à acheter des armes et à satisfaire Crosetto.

mardi, 29 avril 2025

Les Alpes, colonne vertébrale de l'Europe. Où l'anglais n'existe pas

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Les Alpes, colonne vertébrale de l'Europe. Où l'anglais n'existe pas

Ala de Granha

Source: https://electomagazine.it/alpi-spina-dorsale-delleuropa-d...

1.200 km de longueur, 15 millions d'habitants. C'est le monde des Alpes. Qui traversent Munich, la France, la Suisse, le Liechtenstein, l'Autriche, l'Allemagne, la Slovénie et qui, sur le versant sud, englobent l'Italie. Les Alpes, colonne vertébrale de l'Europe, ouvrage collectif édité par les bons soins des Éditions "Guerini e Associati" et dirigé par Daniele Lazzeri, président de la Fondation Nodo di Gordio. Il est consacré au rôle déterminant de la chaîne alpine dans la création et la définition de l'Europe.

Un livre différent de ceux qui s'occupent souvent de la montagne, car l'éditeur a choisi de ne pas se concentrer sur un seul thème ou un seul aspect, mais d'aborder à 360 degrés les problématiques relatives à la chaîne montagneuse qui représente la charnière de l'Europe, la colonne vertébrale du Vieux Continent.

C'est pourquoi les auteurs des diverses interventions – de provenances géographiques différentes, avec des professions et des compétences variées – ont offert un tableau des Alpes qui s'étend du mythe à l'histoire ancienne; de la réalité politique des Alpes à l'époque pré-napoléonienne à la division en États nationaux; des aspects agropastoraux à l'intelligence artificielle; du tourisme aux communautés énergétiques; des agrégations transnationales à la culture.

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Il en est ressorti un tableau parfois surprenant, avec des aspects qui demeurent inconnus du plus grand nombre ou qui ont été volontairement oubliés. Des aspects, cependant, qui offrent des opportunités pour relancer un monde alpin qui unit, en Europe, la culture méditerranéenne et la culture germanique. Un monde où l'on peut, le cas échéant, expérimenter de nouveaux rapports entre les peuples, forger de nouvelles formes de développement.

L'éditeur et les auteurs partent cependant d'un constat: les États nationaux ont imposé une rupture avec le rôle historique traditionnel des populations alpines. Qui ignoraient les frontières créées artificiellement le long des lignes de crête. Les cultures, les traditions, les langues étaient souvent les mêmes des deux côtés de la montagne. Et parmi toutes les langues des Alpes, il n'y avait pas l'anglais. Celui-ci a apparu et s'est imposé comme la langue de l'argent, des affaires, de la vente à l'encan de sa propre identité, de sa propre dignité. Construire une nouvelle Europe en partant des Alpes est donc possible et nécessaire. Mais en commençant par effacer les symboles linguistiques d'un colonialisme ploutocratique.

Pour analyser cette réalité complexe et offrir des hypothèses de solutions et de développement, Lazzeri a impliqué des enseignants universitaires, des hommes politiques, des historiens, des journalistes, des managers internationaux. Cela a donné naissance à un volume qui représente une source de réflexion non seulement pour ceux qui aiment les Alpes et la montagne en général, mais aussi pour ceux qui doivent penser à un nouveau modèle de développement pour l'Europe et à de nouveaux modèles de relations avec le monde entier.

lundi, 28 avril 2025

France: Tripatouillage dans nos communes !

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France:

Tripatouillage dans nos communes !

par Georges Feltin-Tracol

Le Parlement français a le sens de l’urgence politique et du salut public. Alors que le pays traverse une insécurité endémique, un endettement considérable et un effondrement de son niveau scolaire, les députés viennent d’adopter de manière définitive une proposition de loi d’une importance cruciale, majeure, voire vitale.

Ce 7 avril 2025, par 206 votes pour, 181 contre (principalement issus des groupes RN, LR et UDR) et 25 abstentions (où étaient donc les 165 absents ?), l’Assemblée nationale approuve donc un texte qui renforce la parité dans les fonctions électives et exécutives dans les petites communes et ce, à moins d’un an des élections municipales. Cette nouvelle loi impose la parité femmes - hommes dans les communes de moins de mille habitants. Cette catégorie représente 70% des municipalités françaises. Elle bouleverse bien des habitudes électorales.

Jusqu’à présent, l’élection du conseil municipal se déroulait au scrutin majoritaire plurinominal à deux tours avec la possibilité de panacher, c’est-à-dire de rayer le nom de certains candidats. Le panachage disparaît avec l’introduction prévue par cette loi d’un vote par liste bloquée. « Le scrutin de liste est une invitation à la clarté et une manière d’affirmer que le collectif prime sur l’individuel. C’est une façon de mieux protéger les élus », déclare en séance la députée MoDem du Puy-de-Dôme, Delphine Lingemann. Or qui dit liste dit par conséquent parité. Sachant que la fonction de maire et de maire-adjoint dans une commune de petite taille démographique est souvent une tâche harassante, ingrate et peu rémunératrice, les volontaires, surtout féminines, font défaut. Toutefois, une enquête récente du Cevipof – Sciences Po sur l’état des maires à un an des élections montre que 37% des édiles des communes de moins de 500 habitants souhaitent quand même se représenter.

Certes, la nouvelle loi estime qu’une liste sera réputée complète si elle compte jusqu’à deux candidats de moins que l’effectif entier inscrit dans le code électoral. Il faut signaler que l’Association des maires de France présidée par le maire LR de Cannes, David Lisnard, et l’Association des maires ruraux de France du maire vosgien des Voivres, Michel Fournier, soutiennent cette réforme plus que politiquement correcte. La conséquence sera qu’en 2026, de nombreux électeurs ne pourront choisir qu’une seule liste. Et la République hexagonale persiste à donner des leçons de démocratie à la terre entière…

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Par-delà le fantasme paritaire, ce texte porte en lui deux répercussions insidieuses. La première verra un regroupement forcé de communes. Si aucune liste ne se présente dans la commune, la préfecture reporte d’un trimestre le scrutin municipal. Si, au terme de cette période, il n’y a toujours pas de candidat, la préfecture, après consultation du maire, des conseillers départementaux du canton, du député de la circonscription, des sénateurs et du conseil départemental, peut décider de la fusion de la commune avec l’une de ses voisines. Ainsi le nombre de communes françaises se réduira-t-il mécaniquement. On peut envisager que la fusion concerne trois, quatre ou cinq communes d’une même contrée.

La réduction du nombre de communes entraînera une diminution non négligeable du vivier des parrainages pour la présidentielle de 2027. Maints candidats traités de « petits » ont pu se présenter aux échéances précédentes grâce à la signature des maires ruraux. Moins nombreux, ceux-ci continueront-ils à signer en faveur d’un candidat de témoignage ? On en doute…

La même semaine, le Palais-Bourbon, toujours en pointe dans les sujets de préoccupation essentiels des Français, débattait de la proposition de loi organique révisant la loi Paris – Lyon – Marseille (PLM) de 1982. Dès 1983, et à la différence des autres communes, les électeurs des trois principales villes de l’Hexagone votent dans le cadre des arrondissements ou des secteurs (le secteur central réunit les Ier, IIe, IIIe et IVe arrondissements de la capitale et neuf secteurs regroupent chacun deux arrondissements à Marseille). Les premiers élus d’arrondissement (ou de secteur) siègent de droit par fléchage aux conseils municipaux parisien, lyonnais et marseillais. Cette procédure n’existera peut-être bientôt plus.

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Adoptée en première lecture dernièrement par 183 voix pour, 33 contre et 17 abstentions, la proposition établit le même jour deux scrutins distincts : le premier pour le conseil d’arrondissement (ou de secteur) et le second pour le conseil municipal central. La députée MoDem du Rhône, Blandine Brocard, a essayé d’exclure Lyon de cette réforme, car les Lyonnais voteraient une troisième fois pour désigner le conseil métropolitain du Grand Lyon. Cela fait maintenant une décennie que la Métropole de Lyon, soit 58 communes, s’est détachée du département du Rhône dont elle a récupéré les attributions. Le Grand Lyon ignore le canton. La demande de Blandine Brocart n’a eu aucun succès auprès de ses collègues.

À la différence encore des autres communes, l’Assemblée nationale a abaissé la prime majoritaire accordée à la liste arrivée en tête: 25% au lieu de 50%. Enfin, elle entérine – et c’est légitime ! - la modification de la répartition des conseillers par arrondissement (ou secteur) en tenant compte de l’évolution démographique. Ce point n’a jamais été révisé en 43 ans. Par exemple, les 6e, 7e et 9e arrondissements de Lyon comptent neuf conseillers municipaux centraux pour respectivement 50.700, 87.500 et 53.600 habitants ! Les distorsions de représentativité deviennent manifestes.

Le texte voté par les députés passera devant le Sénat à compter du 4 juin prochain. Les sénateurs ne sont guère favorables (doux euphémisme !) à cette révision qui secoue les états-majors politiciens. La mairesse PS de Paris sur le départ, Anne Hidalgo, s’y oppose alors que le maire proto-sociétaliste de Marseille, Benoît Payan, l’approuve. Quant à l’édile Vert de Lyon, Grégory Doucet, il la récuse. Les Républicains sont eux aussi divisés. Or le vote d’une loi organique nécessite un accord préalable entre les deux chambres.

La réforme de la loi PLM est louable, mais sa mise en œuvre relève de l’usine à gaz bureaucratique. Cette réforme écarte la question décisive de la répartitions des compétences entre la mairie centrale et les arrondissements (ou les secteurs). Elle n’aborde pas non plus les rapports institutionnels entre ces deux instances supposées coopérer au quotidien sur un territoire commun.

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La reprise en l’aménageant de l’exemple électoral du conseil régional n’aurait-elle pas été meilleure ? En présentant sur un seul bulletin pour l’ensemble du territoire communal avec des sections pour les arrondissements (ou les secteurs), l’électeur ne risquerait pas de se perdre sans oublier que monter deux à trois bureaux de vote à un moment où manquent régulièrement des assesseurs devient dès lors une gageure difficile à surmonter.

Tels des Byzantins de 1453 dissertant sur le sexe des anges, à savoir la parité obligatoire dans les communes rurales et la réforme de la loi PLM, la soi-disant démocratie libérale encadrée par les partis démontre par ces deux actes toute sa nocivité. De pareilles balivernes cesseront aussitôt dans le cadre d’une démocratie organique souveraine structurée autour d’une aristocratie populaire authentique exigeante, disciplinée et ascétique.      

GF-T

  • « Vigie d’un monde en ébullition », n° 153, mise en ligne le 23 avril 2025 sur Radio Méridien Zéro.

L'âge de l'Arctique: la bataille pour l'Hyperborée (Escalade)

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L'âge de l'Arctique: la bataille pour l'Hyperborée (Escalade)

Alexandre Douguine

Tatiana Ladiaeva (Sputnik) : Jetons un coup d'œil sur les réactions internationales suite au Forum arctique qui s'est tenu à Mourmansk, où s'est notamment exprimé le président russe Vladimir Poutine. Il est certain que de nombreuses déclarations ont été consacrées directement à la coopération et au développement dans la région arctique avec d'autres pays. Des délégations de 20 pays se sont rendues à Mourmansk, y compris des États-Unis. Voyons qui sont ces délégations et comment elles ont réagi aux déclarations du dirigeant russe.

Alexandre Douguine : Tout d'abord, si nous parlons de ce voyage très important de Poutine, il avait en vue deux objectifs complètement différents. Il y a eu deux discours, deux narratifs, si vous voulez - deux discours qui s'adressaient à des publics complètement différents. Le premier public est un public international. Le discours porte donc sur le fait que l'importance de l'Arctique s'accroît sous nos yeux. Je pense que les vrais dirigeants des puissances souveraines sont conscients de la réalité de ce que l'on appelle généralement le réchauffement climatique. Le fait est que, contrairement à cette idéologie environnementale qui réduit toutes les causes du réchauffement aux processus industriels, en réalité, il faut dire que la plus grande libération de méthane se produit dans la nature, et qu'elle ne dépend pas de notre intervention humaine. Cela va beaucoup plus vite qu'il n'y paraît, et bientôt celui qui contrôlera les zones polaires, les zones côtières de l'Arctique et l'Arctique lui-même aura, en fait, un avantage absolument inestimable dans l'horizon stratégique. Cela est bien compris par Trump, qui s'est clairement exprimé et a concocté des plans réels, mais non pas sur base de l'idéologie environnementale, qui n'a rien à voir avec le vrai problème et sert simplement certains objectifs mondialistes.

La véritable question du changement climatique est vraiment importante. Et, bien sûr, c'est la raison pour laquelle l'Amérique se préoccupe tant du Groenland et du Canada, parce que ces territoires deviennent tout simplement vitaux pour la souveraineté dans la prochaine étape. Celui qui contrôlera l'Arctique contrôlera le monde. Telle est la nouvelle loi de la géopolitique arctique, qui est en train de devenir l'un des facteurs les plus importants du jeu mondial. Poutine en est parfaitement conscient. C'est pourquoi il a lancé un appel aux pays arctiques, qui auront cet avantage géographique à l'avenir, en leur proposant de coopérer et de résoudre les problèmes de manière pacifique, car c'est dans l'Arctique qu'une véritable guerre pourrait éclater, non pas une guerre simplement locale, non pas une guerre sectorielle, mais une véritable guerre mondiale. Pour l'éviter, nous devons en parler ouvertement avec ceux qui sont réellement intéressés et impliqués dans le processus et ceux que cela concerne vraiment.

Le second message de Poutine, complètement différent, s'adressait, je pense, à nous, Russes. Il a prévenu notre société qu'il n'y aurait probablement pas de cessez-le-feu. Très probablement, nous ne devrions pas compter sur une fin rapide du conflit en Ukraine contre l'Occident, ce n'est pas réaliste. Tout le monde, bien sûr, a couru et s'est bousculé dès que la désescalade, dont nous parlons beaucoup depuis l'avènement de Trump, a commencé, mais Poutine prévient que cela n'arrivera probablement pas - il n'y aura pas de fin rapide au conflit. Pourquoi ? Nous avons également dit à plusieurs reprises que malgré toute sa bienveillance et toute sa volonté d'ouverture, Trump ne parvient absolument pas à comprendre l'essence du problème ukrainien. Il pense probablement que s'il reconnaît la Crimée comme russe ou même deux voire quatre des oblasts conquis, il rendra à la Russie un service absolument inestimable, et Poutine acceptera n'importe quoi en échange. En fait, même si Trump devait reconnaître (ce qu'il n'est absolument pas prêt à faire) les quatre oblasts plus la Crimée dans leurs frontières complètes (ce que, à son tour, Poutine a proposé il y a un an lors de la conférence en Suisse, à laquelle la Russie n'avait pas été invitée auparavant ; Poutine a dit : notre but est le suivant - faire reconnaître tout ce qui a été acquis, dans des frontières complètes, les oblasts englobés à l'intérieur de la Russie, ces quatre nouvelles entités dont question, et nous penserons alors à un cessez-le-feu), cette proposition a une date d'expiration, et cette date d'expiration a clairement expiré. Et maintenant, Poutine dit : « nous ne les tuerons pas, mais nous les achèverons ». Cela signifie beaucoup de choses dans le langage politique. « Finir » signifie “gagner la guerre”. Nous gagnerons par des moyens militaires.

Il est clair que les négociations sur ces conditions inacceptables pour les deux parties sont dans l'impasse. Trump a proposé à Zelensky d'accepter ces nouvelles concessions territoriales, et c'est du suicide pour Zelensky. Ce qu'il nous propose équivaut à un suicide pour nous en général, nous devons aussi nous rendre compte que nous avons besoin d'une victoire, et nous mettons tout sur la balance de la victoire. Nous ne pouvons pas dire : « limitons-nous à un compromis », cela ne marchera pas du tout, personne dans la société ne l'acceptera, et le Président lui-même n'est pas d'humeur à le faire.

Je pense que le message était le suivant : comprenons que nous voulons la paix, mais la paix par la victoire. Nous avons besoin de la victoire, nous avons besoin de la réalisation de nos objectifs à l'échelle que nous, et pas quelqu'un d'autre (pas Trump, pas l'Union européenne), jugeons nécessaire, et c'est la seule chose qui nous conviendra.

Le signe pour notre société est très sérieux. La guerre continue, et c'est une guerre jusqu'à la victoire finale. « Finissons-en » - c'est ce qui ressort de la bouche du Président, très sérieusement. Il ne s'agit pas seulement d'observateurs, d'experts, de journalistes ou d'hommes politiques, mais de celui dont dépend le sort du monde et de l'humanité, qui dit : « nous n'en finirons pas si nous ne les achevons pas ». En d'autres termes, il est de moins en moins possible de les achever pacifiquement, alors nous les achèverons par d'autres moyens. C'est ce qu'a dit Poutine lorsqu'il s'est adressé à nous, Russes. Il a également parlé de la nécessité de renforcer le potentiel militaire, le potentiel de défense de notre pays, afin que nous ne nous relâchions pas la pression et que nous n'avalions pas des couleuvres lors des négociations. Les négociations sont en cours et M. Trump a déclaré qu'il reconnaissait déjà qu'elles étaient dans une impasse. Il a directement reproché à Zelensky d'avoir fait échouer l'accord sur les métaux rares.

Tatiana Ladiaeva : Mais il l'a en même temps menacé de lui occasionner  certains problèmes, qui seront prétendument importants. La nature de ces problèmes n'est pas tout à fait claire. En d'autres termes, s'il existe une telle menace, la rupture de l'accord n'est pas encore définitive. Par ailleurs, en parlant d'échéances, M. Trump affirme qu'il y a une sorte d'« échéance psychologique ». C'est ainsi qu'il l'a appelée. Je pense qu'il est à bout de patience sur cette question. Bien qu'il soit en quelque sorte obligé de continuer à faire preuve de patience, il me semble....

Alexander Douguine : Ce qu'il est obligé de faire... c'est le côté souverain qui n'est pas autorisé, et nous ne pouvons pas indiquer ce qu'il est obligé de faire.

Tatiana Ladiaeva : Indiquer non, mais supposer.

Alexandre Douguine : La souveraineté réside dans le fait que le souverain n'est commandé par personne, c'est-à-dire par personne du tout. S'il croit en Dieu, alors Dieu est le décret, et s'il ne croit pas en Dieu, alors rien n'est le décret du tout, c'est-à-dire que rien ne prend la place de Dieu.

Il est intéressant de noter qu'il a, comme vous l'avez souligné à juste titre, critiqué directement Zelensky en disant qu'il le paierait très cher. En d'autres termes : « Vous paierez cher pour avoir rompu un accord que vous aviez pratiquement accepté ». Ce faisant, il a exprimé son mécontentement à Poutine. Mais si nous vérifions les faits, si vous voulez, un enregistrement du discours direct de Trump à Zelensky, qu'il était agacé par Poutine et en colère contre Poutine, cela a été relayé par un présentateur de CNN qui a été soi-disant appelé par Trump. Et il a spécifiquement dit, à cet animateur d'une chaîne qui n'est pas entièrement favorable à Trump, qu'il était en colère contre Poutine parce qu'il faisait traîner le cessez-le-feu et qu'il était dès lors prêt à imposer des droits de douane doublés sur le pétrole russe. C'est ce qui est très intéressant : que Trump ait appelé ou non, n'a guère d'importance - quoi qu'il en soit, il n'y a pas eu de réfutation par la suite. Mais en fait, il y a, d'une part, les preuves directes, les paroles directes de Trump, reprises dans la critique à Zelensky, et, d'autre part, un ancien mécontentement présumé mais non confirmé, une opposition à la Russie et à Poutine. Il s'agit là d'une pondération complètement différente de ces deux déclarations. Mais cela n'a pas d'importance, ce n'est même pas fondamental. Trump est un homme tel qu'il aurait pu parler en son âme et conscience, il aurait pu appeler, il aurait pu ne pas appeler. Au fond, cela demande un peu plus d'éclaircissements aussi.

Une situation très similaire se produisit à Odessa en 2022, parce que Zelensky, qui est complètement dépendant des États-Unis car sans l'aide et l'engagement total de l'armée américaine, de son renseignement, ne tiendrait pas une semaine dans une confrontation avec notre armée, du moins je le pense. S'il se rend compte que sans Trump, il ne peut tout simplement pas continuer cette guerre, c'est fini, c'est du suicide.

Et Zelensky s'est rendu compte qu'il avait exagéré, parce qu'il faut traiter Trump d'une autre manière : il faut lui donner tout ce qu'il demande - c'est, après tout, naturel. Il est le maître et son maître, et lui n'est qu'un esclave assigné à cette position dans le cadre du casting du jeu géopolitique et mondialiste.

Et maintenant, après la visite de Zelensky, il y a de nouvelles figures dans l'arène politique dont Keir Starmer qui a pris la place de Johnson, et il y a eu un appel de Macron. En outre, les contacts spéciaux de Zelensky avec Blinken et Nuland ont été révélés. Selon les informations disponibles, les représentants américains ont conseillé à Zelensky de ne pas faire confiance à Trump. Ainsi, si lors des accords d'Istanbul, il lui a été conseillé de ne pas faire confiance à Poutine et de rompre les accords, une recommandation similaire s'applique désormais à Trump. Il y a une certaine continuité dans les approches, malgré certains changements dans l'équilibre des forces politiques.

Tatiana Ladiaeva : Avant de passer à la discussion sur Elon Musk, j'aimerais clarifier un point. Vous avez mentionné une déclaration sur le site web du gouvernement britannique concernant les arrangements entre Keir Starmer et Donald Trump pour faire pression ensemble sur Vladimir Poutine. Étant donné les désaccords bien connus entre Starmer et Trump, pourriez-vous commenter la manière dont cette déclaration doit être interprétée et dans quelle mesure elle est vraie ? La Grande-Bretagne joue certainement un rôle important dans la question ukrainienne, et comprendre sa position dans ce contexte semble très important.

Alexandre Douguine : Eh bien, tout d'abord, il faut se rendre compte qu'il y a deux poids deux mesures en diplomatie, en grande politique...

Tatiana Ladiaeva : Personne ne l'a nié.

Alexandre Douguine : C'est vrai, personne ne l'a nié. Mais si nous mettons de côté la rhétorique diplomatique et la désinformation, la situation apparaît comme suit. Les États-Unis se retirent du conflit ukrainien, mais pas comme Trump l'avait prévu. Il espérait une paix rapide et la reconnaissance de son rôle dans le processus. Toutefois, comme cela a été prédit à plusieurs reprises, un tel scénario est irréaliste dans un contexte d'escalade. L'offre d'un cessez-le-feu selon les termes de Trump est inacceptable pour l'Ukraine et la Russie, et ne peut donc pas être sérieusement envisagée. Trump n'a donc pas d'autre choix que de se retirer de facto du conflit. Toutefois, ce retrait n'est pas une rupture brutale qui pourrait entraîner un changement rapide de la situation sur le champ de bataille. Trump est mécontent non seulement de Zelensky, mais aussi de la situation actuelle dans son ensemble, y compris de la position de la Russie. Il est probablement frustré de ne pas pouvoir parvenir à un accord avec Poutine, qu'il respecte apparemment. On peut supposer que Trump s'attendait à une plus grande volonté de compromis de la part de la Russie.

Mais Trump ne prend pas en compte le défi existentiel que représente l'Ukraine pour la Russie et n'associe pas cette donnée à ses démarches politiques. Il n'a pas été confronté à des situations similaires et il lui est donc difficile de comprendre pleinement ce qui se passe. Il faudra du temps à Trump pour comprendre la situation en Ukraine.

Si l'on s'éloigne des déclarations, les actions de Trump montrent son retrait réel du conflit. Il est mécontent de tous les participants et semble adopter une position non interventionniste. Cependant, sa rhétorique continue d'inclure des appels à un cessez-le-feu et à des négociations.

La réalité géopolitique est que les États-Unis se retirent progressivement de la guerre. Ce retrait n'a pas encore été pleinement ressenti, grâce aux ressources de l'Union européenne. L'Amérique, suivant sa géopolitique traditionnelle, se concentre sur ses problèmes intérieurs. L'Ukraine n'est pas une priorité pour Trump, mais ayant hérité de ce conflit, il tente de démontrer son influence, ce qui n'est pas très réussi.

L'opposition des mondialistes se poursuit et ils créent des obstacles à la fois pour la Russie et pour Trump en sabotant le monde multipolaire. Il est donc probable que le conflit se poursuive. Poutine, s'adressant aux citoyens russes, met en garde contre l'attente d'une résolution rapide de la situation. L'amélioration des relations avec les États-Unis est possible, mais le marchandage sur les intérêts primordiaux de la mère patrie est inacceptable pour Poutine.

Tatiana Ladiaeva : Alexander de Belgorod, notre auditeur régulier, dit que l'on a l'impression qu'une grave crise est en train de frapper les États-Unis, tant sur le plan financier que sur celui de la réputation, que les hauts dirigeants sont pris de panique et ne savent pas comment continuer à diriger le pays. Trump, en conséquence, tâtonne également, et sa rhétorique pourrait changer. Les Américains pourraient-ils faire quelque chose d'irrémédiablement stupide, demande Alexander. Prenons le temps d'y réfléchir.

Alexander Douguine : Je ne le pense pas. Je pense que Trump est de toute façon déterminé à désamorcer les relations avec la Russie. Il se « retire », il y a un « retrait » : il se retire de cette guerre en Ukraine. Oui, je suis d'accord, il a de vrais problèmes, très sérieux, et ils vont s'intensifier. Les forces anti-Trump se rassemblent et commencent à contre-attaquer. Trump aura des problèmes aux niveaux de l'économie, de la politique, des médias, etc. Mais il est absolument impossible de résoudre ces problèmes par une frappe nucléaire sur la Russie. On ne peut qu'aggraver la situation ou la faire échouer complètement et de manière irréversible. Trump l'a très bien compris, il va donc résoudre ces problèmes difficiles, faire face à ces défis plutôt agressifs et croissants d'une manière différente. Qu'il réussisse ou non, c'est difficile à dire à ce stade. Il commence maintenant, si l'on peut dire, sinon à reculer, du moins à ralentir sa progression.

Tatiana Ladiaeva : Nous avions promis de parler des incendies criminels du garage et des voitures Tesla. En particulier, un garage Tesla a été incendié en France, et sept voitures de cette marque ont brûlé sur le parking d'un showroom en Allemagne. Parlons d'abord de la situation en Europe. S'agit-il d'une protestation contre Trump, contre les Américains en général, ou contre Elon Musk personnellement ?

Alexander Douguine : Je pense qu'en Amérique, il est établi que la plupart des personnes qui vandalisent les installations et les voitures Tesla sont des transgenres, des féministes, des partisans du Parti démocrate. En Russie, ce sont des représentants d'organisations LGBT et des Ukrainiens. En principe, ils ont déjà fusionné leurs forces dans une direction très particulière, où la différence entre un Ukrainien, un nazi, un représentant de la communauté LGBT (interdite dans la Fédération de Russie) ou une personne transgenre est très difficile à saisir, parce qu'il s'agit d'une seule et même masse idéologique. Cette masse, à l'ère postmoderne, attache une grande importance à la guerre des symboles ou guerre sémantique. Ainsi, Musk est un symbole de Trump, Trump est un symbole de MAGA, Tesla est un symbole de Musk lui-même, de son entreprise. S'il était possible de brûler les comptes de X.com (réseau social interdit en Russie, anciennement Twitter), également propriété de Musk, je pense que l'internationale des transgenres ukrainiens le ferait aussi, avec l'argent de Soros. Brûler des comptes... on peut encore rendre folle l'intelligence artificielle.

À propos, on a récemment découvert que l'intelligence artificielle réagit dans certains cas comme un être humain : elle devient folle, elle a des crises mentales si on lui donne des instructions qui sont mutuellement exclusives, comme Bateson a défini la schizophrénie chez l'homme. Les parents qui s'expriment mal ou qui n'ont pas de pensée logique ont souvent des enfants qui souffrent de troubles mentaux parce qu'ils leur donnent des instructions qui s'excluent mutuellement (appelées « double bind »), comme « éloigne-toi de moi ». Si un enfant entend cela depuis son enfance, il devient fou. En principe, l'intelligence artificielle peut également être portée à ébullition de cette manière, comme le montrent de nouvelles recherches. Aujourd'hui, nous savons que X.com a acquis l'intelligence artificielle appartenant à Musk. Je pense donc que rendre l'intelligence artificielle de Musk folle sera également la tâche des transgenres et des Ukrainiens du monde entier, tout comme brûler les garages de Tesla, rayer les voitures avec des clés (ce qu'ils font en Amérique), attaquer les concessionnaires Tesla. Il s'agit d'une guerre symbolique, d'une guerre de symboles. Parce qu'elle est prise très au sérieux, elle poursuit ce qui se déroule sur le champ de bataille. En fait, elle n'est pas aussi inoffensive qu'elle en a l'air. Il s'agit d'une incitation à la haine. Trump, s'exprimant lors d'un rassemblement organisé (où des membres de cette masse ukrainienne-transgenre de Soros sont venus et ont tenté de perturber l'événement et de l'attaquer), a déclaré que, Dieu merci, le nombre de menaces de mort qu'il reçoit a diminué. Selon son équipe de sécurité, il y a habituellement 180.000 menaces de mort physiques par jour, mais maintenant il n'y en a plus que 170.000.

C'est une baisse. Ainsi, incendier les installations d'un concessionnaire de Tesla, endommager physiquement une voiture de marque Tesla, c'est tuer symboliquement Musk. Le meurtre symbolique d'Elon Musk est le meurtre symbolique de Donald Trump. Le meurtre symbolique de Donald Trump signifie le meurtre symbolique de cent millions d'Américains qui ont voté pour lui. Il s'agit donc d'une sorte de génocide symbolique perpétré par des forces politiques qui, en Amérique, n'acceptent pas leur défaite et qui, dans l'Union européenne, conservent des positions de premier ordre. Ce n'est pas si différent de l'envoi d'une aide militaire, y compris de soldats, sur le front ukrainien. C'est la même guerre. Une guerre symbolique, une guerre pour les valeurs mondialistes, une guerre pour permettre le changement de sexe à grande échelle. Et quand on regarde les propagandistes ukrainiens, quand on entend ce que disent les médias libéraux mondialistes en Europe et en Amérique, on voit émerger un degré de haine incroyable. Par rapport à nos médias et aux publications trumpistes, l'intensité est complètement différente. Il y a un groupe terroriste de personnes disposant d'énormes capacités - financières, politiques, organisationnelles -, avec un potentiel incroyablement grand, qui sont engagées dans le terrorisme mondial sur une base quotidienne. Et à l'ère du monde virtuel, ce que vous faites symboliquement peut être plus important que les actions physiques. Vous brûlez une Tesla ou vous la rayez, vous payez pour une tentative d'assassinat et vous applaudissez la tentative d'assassinat de Trump, ou, comme les « fake news » circulent maintenant en ligne, il y aurait eu une tentative d'assassinat de Poutine après que Zelensky ait dit qu'il ne lui restait plus longtemps à vivre. Rien ne s'est passé en réalité, mais peu importe, car les images d'une limousine en feu, filmées n'importe où, même au Cambodge, sans aucun souci de vraisemblance, sont aussi un élément de la guerre en cours. Sur le plan symbolique, des personnalités détestées par les mondialistes sont tuées, abattues. La frontière entre le fait de brûler une Tesla, qui semble ne causer que des dommages matériels à l'adversaire, et le fait d'aller au front, de tuer des Russes, de violer des femmes russes dans la région de Koursk, de maltraiter des enfants et des personnes âgées, de les bombarder, de leur lancer des grenades, est très mince. Nous, les gens un peu vieux jeu, nous pensons que c'est vraiment un crime. Et brûler une voiture, insulter quelqu'un sur les médias sociaux ou participer à un rassemblement contre un opposant politique est pour nous inacceptable mais nous avons affaire aujourd'hui à un niveau d'agression complètement différent. Aujourd'hui, c'est tout le contraire. Une personne qui brûle une Tesla réalise un acte de génocide contre ses opposants politiques et idéologiques. C'est très grave, c'est en fait la préparation d'une guerre civile mondiale, où s'affronteront non pas des peuples, non pas l'Europe et l'Amérique, non pas l'Ukraine et la Russie, mais deux camps au niveau international. Les partisans des valeurs traditionnelles sont bien plus nombreux en Amérique, en Europe, en Russie, et même en Chine et dans le monde islamique que les élites mondialistes d'Amérique ou d'Europe. Dans notre pays, Dieu merci, ces élites mondialistes ont été considérablement réduites. Elles existent, bien sûr, mais elles sont en train de passer massivement du côté du peuple russe, c'est évident, et c'est très bien ainsi. Ce problème n'est pas aussi aigu que dans d'autres sociétés. S'ils agissent, c'est de manière clandestine. Mais en Amérique et en Europe, ils agissent très ouvertement. Ces deux camps en guerre ne relèvent plus d'un affrontement interethnique, mais il s'agit d'une confrontation entre deux pôles de l'humanité, entre groupes transfrontaliers. Certains prônent la fin de l'humanité, le transhumanisme, la transsexualité, la perte de toute forme d'identité collective, et sont les principaux agresseurs.

Ces groupes posthumanistes, qu'il s'agisse de nazis ukrainiens ou de « shifters » de Berlin ou de Paris, appartiennent au même type - l'armée de Soros, l'armée de Rothschild, l'armée des élites mondialistes, toujours très puissante, et ils tuent. La différence entre les menaces reçues par Elon Musk (l'une des 170.000 menaces de violence physique sur les médias sociaux) et l'action réelle est minime. En Russie, nous avons été confrontés à cette situation et nous savons qui est derrière tout cela. Il ne s'agit peut-être pas seulement des nazis ukrainiens, mais aussi d'une armée de robots ou des "fermes de bots" animées par des mondialistes.

Tatiana Ladiaeva : Ils sont probablement utilisés activement pour augmenter le nombre de menaces ou donner l'impression de leur ampleur. Examinons les relations entre les États-Unis et l'Iran, car il semble y avoir une escalade. Récapitulons: la veille, Donald Trump a menacé l'Iran de bombardements sans précédent si les États-Unis et l'Iran ne parvenaient pas à un accord sur le programme nucléaire. En réponse, l'Iran a déclaré qu'il défendrait sa position si les États-Unis tentaient de provoquer une insurrection. Dans quelle mesure la situation pourrait-elle s'aggraver ?

Alexandre Douguine : Une insurrection est une affaire, en règle générale, qui émane des réseaux de Soros, et Trump préfère menacer d'une manière différente - le bombardement direct de toutes les installations stratégiquement importantes, y compris les installations nucléaires. Il s'agit d'une attaque de l'extérieur, soit avec ses propres armes, soit avec celles d'Israël. Et l'Iran répond en disant qu'il possède des armes capables d'endommager gravement les bases militaires américaines dans la région. C'est ainsi que les puissances souveraines devraient parler. Trump dit : nous, l'Amérique, sommes souverains, nous pouvons donc attaquer une autre puissance souveraine. Personne ne peut dire « ne le faites pas » parce que la souveraineté signifie qu'il n'y a personne au-dessus de vous, sauf Dieu. Comme l'a dit Bush, « Dieu m'a envoyé frapper l'Irak » - Dieu m'a dit de frapper l'Irak. Peut-être qu'il l'a fait, peut-être qu'il ne l'a pas fait, et la question de savoir quel Dieu est en cause est tout autre, mais ce n'est pas la question pour l'instant. La souveraineté est un droit. L'Iran répond : essayez, nous sommes prêts à nous battre, nous comprenons ce qu'est notre souveraineté et nous sommes prêts à la défendre. Regardez comment les Houthis résistent. Ils leur disent : arrêtez. Ils répondent: "Nous n'arrêterons pas, et alors ?. Nous nous sommes battus tout au long de notre histoire, et nous (les Houthis, les Yéménites du nord du Yémen) ne pouvons nous marier qu'après avoir tué l'ennemi. Essayez de nous combattre. Vous nous bombardez de missiles sur Sanaa, l'Amérique nous bombarde régulièrement. Et alors ? C'est comme s'ils voulaient nous ôter notre envie de nous battre, la voir disparaitre - au contraire, elle ne fait que croître". Trump mène une politique réaliste, une politique de puissance souveraine. Il a besoin de prouver le MAGA - « Make America Great Again ». Cela ne fonctionne pas pour le cessez-le-feu en Ukraine, cela ne fonctionne pas au Moyen-Orient - oui, cela ne fonctionne même pas avec le Canada. Les politiciens canadiens, même les conservateurs comme Poilievre, un mondialiste de droite qui se borne à prétendre défendre les valeurs traditionnelles, se sont prononcés très fermement contre Trump, ils ne veulent pas devenir le 51ème État des Etats-Unis. Surtout pas Carney, le successeur de Trudeau, un libéral, un pur mondialiste. Trump dit à propos du Groenland: maintenant nous allons l'acheter, le prendre, le conquérir, nous en avons besoin. Nous avons parlé au début de l'émission de l'importance de l'Arctique dans la nouvelle géopolitique de l'avenir. Et là aussi, il y a des manifestations contre ces prétentions américaines. Peut-être Soros les soutient-elles également. En résumé, Trump et son programme MAGA ne sont pas au mieux de leur forme jusqu'à présent. Il est donc nerveux. Il dit : alors je vais frapper l'Iran, maintenant je vais imposer des tarifs douaniers à la Russie, à la Chine. Franchement, j'aimerais voir Trump poursuivre sa politique et, lorsqu'il est confronté à la réalité, chercher des moyens réalistes de rendre à l'Amérique sa grandeur. Nous devons classer les risques, les menaces, pour voir qui est un ami et qui est un ennemi dans cette situation. Les États-Unis ne peuvent pas gérer seuls leur programme MAGA, ils ont besoin d'alliés, ils ont besoin d'une politique plus grande envergure. Trump a bien défini ses objectifs, mais il ne sait manifestement pas encore comment les réaliser. Il s'agit d'une méthode d'essai et d'erreur : une fois la force, une autre fois la douceur, cela n'a pas fonctionné - il a reculé. Mais ce jeu est dangereux. En trois mois, l'Amérique a parcouru un long chemin depuis l'effondrement dans lequel les précédents dirigeants, les démocrates libéraux, l'avaient plongée. Beaucoup a été fait, mais l'architecture du nouvel ordre mondial, l'ordre des grandes puissances, commence seulement à se construire. Cela demande de l'art, de la profondeur, de la connaissance, de la philosophie, de la connaissance des civilisations. L'approche de Trump est plus simple, et le monde est plus complexe. S'il suit ses objectifs, se familiarise avec cette complexité, commence à la prendre en compte, il mûrira. Poutine n'est pas non plus devenu tout de suite un politicien habile. Depuis 25 ans, il étudie le monde, commet des erreurs et les corrige. Faire confiance à l'Occident est une erreur colossale.

Tatiana Ladiaeva : Une erreur déjà bien connue, qu'il admet.

Alexandre Douguine : Oui, il le reconnaît. Cela fait 25 ans qu'il dirige une grande puissance, qu'il la sort du désastre dans lequel les libéraux l'avaient plongée dans les années 90. Dix ans de destruction et 25 ans de tentatives de reconstruction. On ne peut pas casser les choses puis les reconstruire. Nous avons tout cassé dans les années 90 et nous n'arrivons toujours pas à réparer les dégâts. Et Trump n'est en poste que depuis trois mois, et le degré de destruction est probablement encore plus grand que ce que nous avions, nous. Nous devrions être calmes à ce sujet, mais personne ne devrait abandonner sa souveraineté. Ce qui est grand est grand. Rendons à l'Iran sa grandeur, rendons au Yémen sa grandeur. Que tous ceux qui le peuvent deviennent grands. Certains soutiendront ce projet, d'autres s'y opposeront.

Tatiana Ladiaeva : L'essentiel est que Trump ne prenne pas le droit d'auteur sur la phrase « Make the state great again ». Mais tout le monde n'en a pas besoin, quelqu'un s'acquitte de cette tâche aujourd'hui en l'état. Prenons l'exemple de l'arrestation de la présidente de la région de Gagaouzie en Moldavie, Eugenia Gutsul. Les hommes politiques qui sont aujourd'hui au pouvoir disent qu'il y a un espoir que la voix de la Russie soit entendue sur la scène mondiale, en particulier à l'OSCE et à l'ONU. Franchement, je ne partage pas cet espoir, car, comme le montre la pratique, même si les Nations unies disent qu'on ne peut pas agir ainsi, qu'il s'agit d'une décision motivée par des considérations politiques, cela ne changera rien.

Alexandre Douguine : La Moldavie sous Maïa Sandu est sous le contrôle externe des cercles mondialistes. Ils ne prêtent pas attention au droit international et font ce qu'ils veulent. S'ils ordonnent ou soutiennent l'arrestation d'une personnalité politique, nous ne pouvons qu'espérer pour nous-mêmes. Nous devons prendre le destin de la Gagaouzie en main, car aujourd'hui, seule la force décide. Le droit a été relégué à l'arrière-plan. Nous vivons une période de transition où l'on passe d'un ordre mondial à un autre, soit à l'ordre des grandes puissances, et, en un tel moment, le droit ne fonctionne pas, il est temporairement gelé. Il ne peut fonctionner que dans les États véritablement souverains - il fonctionne en Russie, il fonctionne en Chine. Mais là où la souveraineté est relative ou inexistante, il n'y a aucun espoir pour le droit.

Soros a corrompu le système judiciaire à l'échelle mondiale. En Amérique, on parle de juges activistes - des juges corrompus et idéologiquement engagés. Vous ne pouvez pas compter sur les juges en Moldavie ou en Europe. Dans les régimes dits libéraux-démocratiques, le système judiciaire est corrompu - c'est l'armature même d'une dictature. Nous ne devons compter que sur nos propres forces. La Russie peut aider moralement le peuple gagaouze, le soutenir comme nous soutenons la Transnistrie, mais le destin des Gagaouzes est entre leurs mains. S'ils permettent l'arrestation de leur leader, cela signifie qu'il ne lutte pas correctement pour leur liberté. Nous ne pouvons pas forcer la Moldavie à libérer cette femme courageuse et honnête. Gutsul est une victime de la lutte pour la liberté, une victime de la lutte pour la souveraineté.

mercredi, 23 avril 2025

Comment les mégafonds américains contrôlent discrètement l'Europe

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Comment les mégafonds américains contrôlent discrètement l'Europe

Par Alexander Yakovenko

Source: https://ejbron.wordpress.com/2025/04/17/hoe-amerikaanse-m...

Après la crise financière de 2008, les gestionnaires de fonds américains ont progressivement pris le contrôle des banques centrales et des industries en Europe. L'ancien ambassadeur de Russie au Royaume-Uni, Alexander Yakovenko, montre comment Washington a colonisé l'Europe sur le plan économique et quelles en sont les conséquences géopolitiques.

Que sont les mégafonds ?

Les gestionnaires d'actifs américains BlackRock, Vanguard, Fidelity, Stete Street, Morgan Stanley et JPMorgan Chase contrôlent aujourd'hui collectivement plus de 36.400 milliards de dollars d'actifs. Cette puissance financière leur permet de dominer des secteurs d'importance systémique dans le monde entier, y compris en Europe.

Avec le soutien du gouvernement américain, ces fonds ont utilisé le pouvoir de la Banque centrale américaine (la Réserve fédérale), les tribunaux, les sanctions et les scandales pour affaiblir les concurrents étrangers avant de procéder eux-mêmes à des acquisitions. Résultat: les entreprises européennes d'importance stratégique passent de plus en plus sous le contrôle des États-Unis.

Le bouleversement silencieux après la crise financière

Entre 2008 et 2018, les fonds américains ont repris la majorité des 20 plus grandes banques européennes, ainsi que des actifs d'une valeur de 16.700 milliards de dollars, pour une fraction de cette valeur: environ 300 milliards de dollars seulement. La clé de ce phénomène: les crises économiques, de la crise des États PIIGS (Portugal, Italie, Irlande, Grèce, Espagne) aux taux d'intérêt manipulés dans le cadre des scandales du LIBOR et du Forex, avec des acteurs américains souvent en arrière-plan.

Les effets ont été énormes:

    - La part des banques américaines dans les opérations de change mondiales est passée de 45% au cours de l'exercice 2007 à 72% au cours de l'exercice 2017.

    - Le dollar s'est stabilisé, tandis que les banques européennes ont perdu une grande influence.

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L'Europe comme amortisseur de la crise américaine

Les mégafonds ont transformé l'Europe en une zone économique tampon :

    - L'UE a pris en charge les risques des sociétés financières américaines;

    - a importé l'inflation américaine grâce à la hausse des prix des matières premières;

    - et n'a guère eu besoin de se défendre contre des accords commerciaux déloyaux.

Les mégafonds bénéficient également de la politique de taux d'intérêt de la Réserve fédérale américaine. Cette dernière maintient les taux d'intérêt à un niveau artificiellement bas, ce qui entraîne une fuite des capitaux de l'Europe vers les fonds américains. Le marché mondial de l'épargne, d'une valeur de 52.000 milliards de dollars, alimente le pouvoir de ces fonds, au détriment de la stabilité européenne.

La ruse de l'élite

Selon M. Yakovenko, la prise de contrôle économique de l'Europe par les fonds américains n'aurait pas été possible sans la favorisation délibérée d'une classe politique inconditionnellement prête à l'allégeance transatlantique.

L'Allemagne est l'exemple type :

    - Déjà en 2017, 24 des 30 plus grandes entreprises allemandes étaient sous contrôle américain.

    - La capitalisation des banques allemandes s'est effondrée de plus de 70% depuis lors.

Guerre en Ukraine : le coup de poing final contre l'Europe

Avec l'escalade de 2022, la guerre économique des États-Unis contre l'UE a pris une nouvelle dimension :

    - Le sabotage de l'approvisionnement énergétique par la Russie (par exemple via le gazoduc Nord Stream) a détruit l'épine dorsale industrielle de l'Europe.

    - L'Europe a été contrainte d'importer du gaz naturel liquéfié (GNL) américain trois fois plus cher.

    - Désindustrialisation en Allemagne - réindustrialisation aux États-Unis: un déplacement de pouvoir et de production convoité sur le plan géopolitique.

Conclusion : la colonisation silencieuse de l'Europe

Ce qui ressemble à une mondialisation économique est en réalité une prise de contrôle stratégique ciblée par la puissance financière américaine. L'Europe n'a pas seulement perdu sa souveraineté, elle sert désormais de bouclier de protection géopolitique et économique à Washington. Il n'y a pas de fin à cette évolution - tant que les élites politiques de Berlin, Bruxelles ou Paris préfèrent obéir aux fonds américains plutôt qu'aux citoyens européens.

Source : uncutnews.ch

Source de l'article original : sputnikglobe.com

lundi, 21 avril 2025

Actualité judiciaire: deux procès retentissants - Défense interdite !

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Actualité judiciaire: deux procès retentissants

Défense interdite!

par Georges Feltin-Tracol

Deux procès retentissants percutent l’actualité judiciaire de ces dernières semaines : ceux de l’acteur Gérard Depardieu et des assistants parlementaires européens du FN – RN. Si le premier est en attente d’un jugement prévu au 13 mai prochain, le second a rendu son verdict le 31 mars dernier. Certes, les deux affaires ne sont pas comparables. On remarque cependant des convergences.

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Gérard Depardieu est poursuivi pour des agressions sexuelles sur deux femmes lors du tournage du film Les Volets verts de Jean Becker. Le parquet a requis contre lui dix-huit mois de prison avec sursis, vingt mille euros d'amende, l’indemnisation des parties civiles, son inscription au fichier des auteurs d'infractions sexuelles, une obligation de soins psychologiques et deux ans d’inéligibilité, le tout avec exécution provisoire, rendant ainsi les recours non suspensifs. Le parquet utilise de plus en plus souvent les injonctions thérapeutiques psychiatriques. Non seulement maints terroristes sont déclarés détraqués du ciboulot, l’Hexagone étant devenu le pays du droit d’asile psychiatrique, mais cette mesure s’applique aussi aux dissidents et autres contestataires. Quant à la demande d’inéligibilité, elle surprend. Notre « Gégé » national aurait-il l’intention de se présenter à la course élyséenne de 2027 ? Face à des concurrents potentiels tels Cyril Hanouna, Juan Branco et Madame Michu, il animerait une campagne détonnante et atypique. Alors Depardieu chef de la France ? Pas du tout !

La peine d’indignité nationale n’existe plus et la dégradation citoyenne ne s’envisage pas encore; cette peine complémentaire s’apparente à une mesure d’humiliation civique à l’instar de l’inéligibilité immédiate décidée à l’encontre de Marine Le Pen. Le système judiciaire hexagonale fabrique du sous-citoyen, du citoyen de seconde zone (à faible émission?).

On conseillerait à Gérard Depardieu de narguer ses accusateurs en usant de ses autres nationalités. Naturalisé des Émirats arabes unis (singulier pour un producteur de vin) et de la Fédération de la Russie, rien ne l’empêcherait de briguer une fonction politique locale en république de Mordovie. Une condamnation française n’a aucune incidence en Russie, surtout par ces temps troublés…

Pendant les audiences de ces deux procès, les droits de la défense ont été dénigrés. Données le soir même du jugement aux médiacrates du Régime alors que les avocats des condamnées ne les ont reçus que le lendemain matin, les attendus du procès contre le FN – RN dénoncent sans vergogne le choix souverain de la défense d’utiliser tous les moyens inscrits dans la procédure pénale.

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Certes, le tribunal « convient de relever que, dix ans après la dénonciation des faits, toutes les personnes condamnées contestent les faits, ce qui est évidemment leur droit », car il faut toujours revendiquer une quelconque impartialité devant l’opinion publique. Les attendus poursuivent leur charge en estimant que les personnes condamnées « n’ont dès lors exprimé aucune prise de conscience de la violation de la loi qu’elles ont commise ni a fortiori de l’exigence particulière de probité et d’exemplarité qui s’attache aux élus ». Pis, toujours dans ce long et riche texte qu’étudieront des générations d’étudiants en droit, les trois juges critiquent « le système de défense des prévenus [qui] se caractérise par le peu d’intérêt pour la manifestation de la vérité, le refus du débat contradictoire, la tentation constante d’éviter le débat de fond, la négation des évidences, au mépris des faits ». On est bien dans l’Hexagone avec l’emploi de l’inversion accusatoire. Il serait profitable de comparer ces arguments avec ceux des divers procès contre Alfred Dreyfus, par exemple. Les similitudes étonneraient…

Par-delà ce triumvirat, la magistrature désire que les prévenus clament d’entrée leur culpabilité, demandent un hypothétique pardon et éprouvent des regrets sincères sans que les peines soient au final atténuées. Parce que les prévenus du procès des assistants européens revendiquent leur indépendance, ils sont fortement frappés. Parce que Gérard Depardieu ne cède pas, il faut craindre de la sévérité de la sentence à venir. Et si les magistrats ne le font pas, la condamnation sera dès lors médiatique.

Dès le procès terminé le 27 mars dernier, le quotidien – phare de la désinformation à la date du 28 mars 2025, Le Monde, publiait une pétition de deux cents avocats outrés par la défense énergique de Me Jérémie Assous, le défenseur de Gérard Depardieu. De leur côté, les avocats des deux plaignantes avancent la notion de « victimisation secondaire ». Cette expression méconnue et fumeuse concerne les défaillances de la procédure judiciaire et les méthodes en audience de la défense rude et vigoureuse de l’acteur qui auraient provoqué chez elles de nouvelles et grandes souffrances. Dans une tribune de Libération du 7 avril 2025, un certain Christian Salmon, écrivain de son état, estime pour sa part qu’« au-delà du détournement des fonds européens, le FN s’était livré selon les juges à un véritable détournement de procédure, contestant la capacité de la justice à établir la vérité ». On reste pantois devant de pareilles affirmations.

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Oui, l’avocat de Gérard Depardieu n’a pas hésité à bousculer les parties civiles. Ces dernières « considèrent, assure Me Assous (photo), que c’est une agression supplémentaire que de se défendre. [...] Et vous êtes face à des individus qui considèrent qu’en posant une question simple, en mettant une plaignante face à ses contradictions, je participe à l’humiliation. Mais la défense, ça ne consiste pas à dire, comme l’avocat de Ceauscescu, “ Mon client est coupable, il mérite la mort “ ». Cet avocat applique donc une défense de rupture dans le prétoire. Il s’agit d’une méthode pratiquée en son temps par un célèbre ténor du barreau, Jacques Vergès (1925 – 2013).

Interrogé dans le cadre du numéro double 10 – 11 de la revue Krisis d’avril 1992, Jacques Vergès définit la « défense de rupture ». Il évoque d’abord son contraire, « le procès de connivence [qui] est le procès classique. C’est le procès dans lequel juges, accusé, accusateur public sont d’accord sur les principes. Par rapport à ceux-ci, il s’agit donc seulement de discuter du degré de responsabilité de l’accusé, lequel s’y référera lui-même pour présenter sa défense ». Jacques Vergès ajoute qu’« à aucun moment, il n’est question de discuter du bien-fondé des principes que la société invoque ».

On peut penser que la défense aux procès Depardieu et des assistants parlementaires a cherché « à démontrer l’existence d’un conflit fondamental comme seul cadre pertinent d’appréciation des actes commis par ceux que l’on entend juger ». La défense de rupture n’est toutefois possible que si « l’accusé, selon Me Vergès, rejette les principes que partagent l’immense majorité des membres de la société où il se trouve ». Pour le FN – RN, le contentieux avec la bureaucratie politisée du Parlement dit européen porte sur l’interprétation de la fonction d’assistant parlementaire. Quant à Gérard Depardieu, il sert de cible ô combien visible pour une coterie wokiste délirante. Les accusations post-mortem contre l’abbé Pierre et son effacement de sa fondation éponyme sont d’autres signaux flagrants de ce délire médiatico-associatif subventionné.

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Dans ces conditions, la défense de rupture s’impose de droit. Fort de sa longue expérience professionnelle, Jacques Vergès (photo) avait la conviction qu’« un procès, dit-il, contrairement à ce que l’on croit communément, n’est pas une recherche consensuelle de vérité, mais un combat ». Il devient par conséquent évident qu’« un procès de rupture à caractère politique, continue-t-il, éclaire les contradictions profondes de la société. Il sème le doute auprès de ses membres et entrave ainsi son bon fonctionnement. Mais encore faut-il que le moment s’y prête. Si c’est le cas, le procès peut permettre de donner au plus grand nombre une claire conscience de ce qui est impliqué dans le moment qu’ils vivent. La conscience est toujours prête à vaciller, pourvu que les circonstances y soient favorables ». Ce moment serait-il propice pour le RN et Gérard Depardieu? Seul l’avenir le dira.

La présente offensive contre les droits de la défense ne se limite pas à ces deux procès emblématiques. Lors d’une comparution immédiate de militants identitaires, le magistrat les réprimande parce qu’ils ont gardé le silence en garde-à-vue, droit pourtant inscrit dans la loi ! La volonté de susciter une défense à la fois rampante et complice n’est que l’étape la plus récente d’une détestable involution qui rend suspect tout détenteur légal d’arme. Le droit à la légitime défense est souvent bafoué. La jurisprudence des tribunaux confirme qu’une victime ne peut user de la légitime défense qu’une fois décédée… Aujourd’hui en France, défendre sa vie, ses proches et ses biens représente une circonstance aggravante. Buter un cambrioleur prêt à violer votre fille adolescente et à tuer votre épouse est plus répréhensible que les délits du dit-cambrioleur, pauvre victime d’un métier risqué.

Il importe d’avoir à l’esprit ce cirque sinistre. Plutôt que de courber l’échine, de demander pardon et de recevoir la peine la plus sévère, il vaut mieux entrer en rupture et œuvrer pour une tension maximale, quoi qu’il en coûte. 

GF-T

  • « Vigie d’un monde en ébullition », n° 152, mise en ligne le 15 avril 2025 sur Radio Méridien Zéro.

Le projet de blocus de la mer Baltique et le rôle des États baltes dans ce contexte

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Le projet de blocus de la mer Baltique et le rôle des États baltes dans ce contexte

Thomas Röper

Source: https://dissident.one/de-geplande-blokkade-van-de-oostzee...

Depuis des mois, il est question en Europe de fermer la mer Baltique aux navires russes. C'est déjà le cas à titre expérimental et, dans le même temps, les États baltes jouent un rôle important dans les provocations pour amener la Russie à la guerre, écrit Thomas Röper.

Ces derniers jours, le rôle des États baltes, en particulier de l'Estonie, dans la perturbation des pourparlers de paix entre les États-Unis et la Russie est devenu de plus en plus clair. Les faucons européens qui veulent unir leurs forces dans une « coalition de volontaires » contre la Russie et envoyer des troupes en Ukraine ne sont pas intéressés par la paix en Ukraine, mais par l'escalade de la guerre contre la Russie. Leur objectif est d'affaiblir durablement la Russie ou, idéalement, de la détruire en tant qu'État, ce qui est d'ailleurs ouvertement déclaré. La paix en Ukraine serait dès lors contre-productive.

Ce n'est pas une insinuation malveillante de ma part ; cela a été ouvertement dit. Je dois donc donner quelques exemples avant d'entrer dans le vif du sujet: dans quelle mesure les préparatifs de guerre des Européens dans la région de la Baltique sont-ils déjà concrets ?

"La paix est plus dangereuse que la guerre"

La Première ministre danoise Mette Frederiksen était à Kiev fin février et a déclaré qu'une résolution pacifique du conflit en Ukraine pourrait être plus dangereuse que la guerre. Elle a ajouté qu'il est logique que de nombreuses personnes préfèrent une solution pacifique ou un cessez-le-feu, mais que la paix en Ukraine serait en fait plus dangereuse que la guerre actuelle.

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Mme Frederiksen (photo) a expliqué que l'administration américaine de Donald Trump crée de l'incertitude au sujet de l'OTAN, de l'UE et du conflit en Ukraine. Elle doute également que le président russe Vladimir Poutine soit favorable à un accord de paix. La première ministre danoise a donc appelé les États européens à franchir les lignes rouges « qu'ils se sont eux-mêmes imposées », « avant qu'il ne soit trop tard ».

Il s'agissait clairement d'un appel à permettre à l'Ukraine d'attaquer des cibles à l'intérieur de la Russie et d'envoyer les armes nécessaires, telles que les missiles de croisière allemands Taurus. Toutefois, comme nous le verrons plus tard, elle aurait pu exiger beaucoup plus.

Elle n'a rencontré aucune opposition de la part de l'Europe. Au contraire, la « coalition des volontaires », mise en place par la France et la Grande-Bretagne, envisage d'envoyer des troupes en Ukraine. Entre-temps, on ne parle plus ouvertement de « troupes de maintien de la paix », mais de « troupes de soutien ».

On parle donc ouvertement d'une guerre chaude entre les Européens et la Russie, même si les médias allemands essaient de ne pas trop ennuyer leurs lecteurs avec cela.

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Les pays baltes sont également opposés à un cessez-le-feu en Ukraine. Dans une interview accordée au Financial Times fin mars, le ministre estonien de la défense Hanno Pevkur (photo) et le ministre lituanien de la défense Dovilė Šakalienė ont affirmé qu'un cessez-le-feu en Ukraine augmenterait considérablement la menace pour la sécurité des États baltes. La conclusion logique est donc que la guerre en Ukraine doit se poursuivre.

Mais le comportement de l'Estonie en particulier montre qu'il ne s'agit guère d'une menace sécuritaire qui est perçue comme venant de Russie, comme nous le verrons plus loin. En fait, l'Estonie elle-même provoque largement une guerre contre la Russie. L'Estonie et d'autres pays européens sont favorables à la poursuite de la guerre en Ukraine parce qu'ils veulent affaiblir la Russie avant de lancer eux-mêmes une attaque.

Et ce n'est pas moi qui l'insinue: en Estonie, c'est ouvertement dit, comme nous le verrons.

Comment provoquer la guerre

Examinons le rôle des États baltes dans ce contexte. Ces derniers jours, dans un article intitulé « Ukraine War - The trick Paris and London are using to drag Europe into a war with Russia », j'ai expliqué quelles astuces les bellicistes européens utilisent apparemment pour perturber les négociations de paix entre la Russie et les États-Unis et étendre la guerre à d'autres États européens.

L'astuce, à mon avis, consiste à amener les États baltes à envoyer des troupes en Ukraine pour y combattre l'armée russe. Dans le cas contraire, les États baltes, qui ont de longues frontières terrestres avec la Russie, se transformeraient en factions belligérantes. Si la Russie devait attaquer des cibles militaires dans ces pays, où sont stationnées des troupes d'autres pays de l'OTAN (dont l'Allemagne:  https://anti-spiegel.ru/2025/warum-die-nach-litauen-entsandte-bundeswehrbrigade-ein-geopolitischer-gamechanger-ist/), il y aurait un grand risque que ces troupes - et donc leurs pays d'origine - soient entraînées dans la guerre.

Les pays baltes sont l'endroit idéal pour provoquer une escalade et entraîner l'Europe dans la guerre contre la Russie. Et comme si c'était exactement le but recherché, l'Estonie travaille à l'élaboration d'une loi permettant aux forces estoniennes d'attaquer des navires civils russes sans avertissement. L'Estonie a également détourné un navire à destination d'un port russe tout récemment.

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Il n'est pas nécessaire d'aimer la Russie, mais l'Estonie se comporte clairement de manière agressive à l'égard de la Russie. Seul un pays qui veut à tout prix provoquer une guerre se comporterait de la sorte. L'Estonie elle-même ne dispose pas d'une force de frappe importante, mais elle compte manifestement sur l'OTAN et l'UE pour lui venir en aide en cas d'affrontement armé avec la Russie. Et en Europe, au moins, il semble qu'il y ait une volonté de le faire, comme le montre la « Coalition des volontaires ».

Après avoir écrit tout cela, j'ai été frappé par le fait qu'une ligne chronologique était visible depuis des mois dans le comportement de l'Estonie, visant à provoquer la guerre avec la Russie. En fait, ce à quoi nous assistons aujourd'hui était déjà annoncé et semble avoir été planifié longtemps à l'avance.

Préparatifs de guerre

Le 17 septembre 2024, la Radiodiffusion nationale estonienne (ERR) a publié une interview du général estonien Vahur Karus, chef de l'état-major interarmées du pays. Il y parle très ouvertement des préparatifs de guerre contre la Russie et en particulier du rôle de l'Estonie dans cette guerre. Il a notamment déclaré : "Nous ne pouvons pas nous contenter d'attendre que quelqu'un vienne à nous avec un marteau de forgeron et nous devons d'abord être en mesure de faire certaines choses. Nous disposons désormais des moyens et de la capacité d'opérer plus efficacement, y compris en menant des attaques en profondeur derrière les lignes ennemies. Notre capacité à frapper en profondeur derrière les lignes ennemies est pleinement intégrée dans la planification de l'OTAN - et l'OTAN nous demande de viser des cibles spécifiques, après quoi (les forces de l'OTAN) passent à l'étape suivante".

Il a ouvertement déclaré que les forces estoniennes étaient « les premières à faire certaines choses ». Il ne s'agissait donc plus d'une réaction à une éventuelle attaque russe, mais d'une attaque de l'OTAN contre la Russie par l'intermédiaire des Estoniens.

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Il l'a d'ailleurs dit explicitement dans une autre partie de l'interview. Il y cite en exemple la guerre des Six Jours, déclenchée par Israël en 1967. Israël a attaqué son voisin égyptien « à titre préventif », ce que le général estonien Karus (photo) a expliqué comme suit :

"La guerre des Six Jours a été une opération magistrale. Mais il faut priver l'ennemi de ressources et de capacités suffisantes pour qu'il ne revienne pas dans quelques années. Il est donc vrai que nous jouons aussi avec cette idée".

L'interview a laissé ouverte la question des « moyens » que l'Estonie utiliserait pour envahir le territoire russe et attaquer des « cibles spécifiques ». Le général est resté vague à ce sujet, précisant qu'il pourrait s'agir d'unités spéciales et de missiles, dont l'Estonie dispose de plus en plus depuis un certain temps. Les lanceurs de missiles HIMARS de fabrication américaine, qui peuvent tirer des missiles d'une portée allant jusqu'à 300 kilomètres, en sont un exemple.

Il est important de noter que l'Estonie a également reçu récemment les missiles antinavires Blue Spear, produits conjointement par Israël et Singapour. Ces missiles permettent à l'Estonie d'attaquer des navires à une distance pouvant atteindre 300 kilomètres.

Bloquer la mer Baltique

De plus en plus d'hommes politiques européens déclarent ouvertement qu'ils veulent empêcher les navires russes d'accéder à la mer Baltique. Les missiles Blue Spear récemment acquis par l'Estonie constituent un outil très approprié à cette fin.

Presque le même jour que la publication de l'interview du général estonien, son subordonné, le général de division Andrus Merilo, commandant des forces armées estoniennes, a également annoncé dans une interview à Helsingin Sanomat que les commandements militaires finlandais et estonien prévoyaient de concrétiser des plans sur la manière d'arrêter les activités de la flotte russe en mer Baltique « si nécessaire » et dans une « situation extrême ».

Les tentatives de fermeture de la mer Baltique aux navires russes ont déjà commencé progressivement. Apparemment, les Européens testent jusqu'où ils peuvent aller. À la mi-mars, l'Allemagne a saisi un pétrolier transportant du pétrole russe et, vendredi, l'Estonie a de nouveau détourné un pétrolier à destination du port pétrolier russe d'Ust-Luga, près de Saint-Pétersbourg.

Cette piraterie, qui viole le droit international, s'accompagne d'une propagande sur la « flotte fantôme » russe, avec laquelle la Russie continue d'exporter du pétrole « malgré les sanctions de l'UE ». Quel culot de la part de la Russie !

Le fait que les sanctions violent le droit international n'est bien sûr pas mentionné par les médias occidentaux.

La mer Baltique est probablement la principale voie d'exportation de la Russie pour toutes sortes de marchandises, en particulier le pétrole, dans le monde entier. Le blocage progressif de la mer Baltique aux navires marchands transportant des marchandises russes frappera la Russie financièrement et économiquement. En raison de ce danger, on ne peut exclure la possibilité que la Russie utilise des navires de guerre russes pour escorter les navires marchands à travers la mer Baltique, ce qui pourrait augmenter la probabilité d'incidents selon les Européens.

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Dans ce contexte, la nouvelle base de l'OTAN à Rostock, inaugurée l'automne dernier, apparaît sous un jour tout à fait nouveau. De plus, il faut préciser que l'ouverture de la base de l'OTAN sur le territoire de l'ex-RDA constitue une violation flagrante du traité 2+4. Le gouvernement allemand et l'OTAN n'auraient pas pu adresser un doigt d'honneur plus clair à la Russie.

De plus, cette base de l'OTAN est chargée de la surveillance militaire de la mer Baltique, ce qui correspond exactement à tous les autres rapports récents concernant la fermeture de la mer Baltique aux navires russes et aux navires souhaitant commercer avec la Russie. Apparemment, c'est la base de l'OTAN de Rostock qui serait chargée de cette mission.

Une propagande pour préparer la guerre

Les médias occidentaux préparent déjà massivement le public occidental à une éventuelle guerre avec la Russie. La mer Baltique joue un rôle particulier à cet égard. Les dommages causés à un câble sous-marin dans la mer Baltique sont désormais présentés dans les médias comme un sabotage russe, alors que ce type de dommages est tout à fait courant et normal.

En raison du nombre croissant de rapports sur ce type de dommages, qui se produisaient auparavant sans attirer l'attention des médias, la BBC a déclaré dans un article d'octobre 2024 que 150 à 200 cas d'endommagement de câbles de ce type se produisent chaque année. Il est donc tout à fait normal que ces câbles soient endommagés. Aucune irrégularité ne se produit dans la mer Baltique. Et le Washington Post a rapporté en janvier qu'il n'y avait aucune preuve de sabotage ayant entraîné des dommages aux câbles en mer Baltique. Tous les détails des articles de la BBC et du Washington Post sont disponibles ici: https://anti-spiegel.ru/2025/washington-post-die-unterwasserkabel-in-der-ostsee-wurden-nicht-durch-sabotage-beschaedigt/.

Mais cela n'empêche pas les médias allemands et les gouvernements de certains pays européens de continuer à pointer du doigt la Russie. D'ailleurs, les cas actuels de piraterie commis par les États européens mentionnés ci-dessus ne sont pas les premiers. En décembre 2024, le cargo chinois Yi Peng 3 a été détourné en mer Baltique. Le capitaine et l'équipage ont été accusés d'avoir détruit des câbles internet à la demande des services de renseignement russes.

Cependant, la provocation la plus notable dans le contexte de la préparation de l'opinion publique européenne à une guerre avec la Russie a été la détérioration du câble énergétique souterrain « Estlink 2 » entre l'Estonie et la Finlande. Le navire « Eagle S », qui transportait 35.000 tonnes de pétrole de la Russie vers l'Égypte, a été accusé d'avoir endommagé le câble. Le navire a été amené en Finlande escorté par un convoi et les médias occidentaux ont diffusé l'affirmation selon laquelle il y avait du « matériel d'espionnage » à bord, ce qui n'a bien sûr pas été confirmé par la suite.

Bien entendu, les médias européens ne rapportent pas que toutes ces accusations contre la Russie, selon lesquelles elle aurait quelque chose à voir avec l'endommagement des câbles dans la mer Baltique, se sont révélées fausses par la suite. Tout au plus le mentionnent-ils quelque part en petits caractères. Ils ont pour but d'attiser le sentiment anti-russe et de préparer ainsi la population européenne à une guerre avec la Russie. La vérité ne serait qu'un obstacle.

Les gouvernements européens, quant à eux, utilisent les dommages causés aux câbles comme prétexte pour informer le public de la surveillance accrue de la mer Baltique. Cela signifie que les gouvernements mentent au public et que les médias contribuent diligemment à créer une atmosphère belliqueuse visant la Russie.

En bref, si l'on additionne tous les rapports de ces derniers mois, on doit conclure que certains gouvernements européens se préparent activement à provoquer une guerre contre la Russie dans la mer Baltique.

Et les rapports de ces derniers jours sur le déploiement de personnel militaire balte en Ukraine font probablement partie de ces tentatives pour finalement créer une situation où la Russie répondrait militairement à tout cela pour protéger sa sécurité - objectivement menacée - dans la mer Baltique. Après tout, les fauteurs de guerre occidentaux parlent déjà ouvertement d'un blocus de l'enclave russe de Kaliningrad.

 

vendredi, 18 avril 2025

Călin Georgescu est convaincu : l'OTAN veut déclencher la troisième guerre mondiale depuis la Roumanie

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Călin Georgescu est convaincu: l'OTAN veut déclencher la troisième guerre mondiale depuis la Roumanie

Bucarest. Le candidat à la présidence roumaine, Călin Georgescu, classé à "droite", qui ne peut plus participer à la répétition des élections qui ont été annulées en décembre, a réaffirmé son opposition aux plans de guerre de l'OTAN. Dans une interview avec le célèbre journaliste américain Tucker Carlson, il a déclaré que l'OTAN avait besoin du territoire roumain et souhaitait « déclencher la troisième guerre mondiale depuis la Roumanie ». Il est également d'avis que sa position claire sur la question de l'OTAN a été l'une des principales raisons pour lesquelles sa participation aux élections présidentielles a été empêchée.

Georgescu a également rappelé dans l'interview avec Carlson que la « plus grande base de l'OTAN se trouve en Roumanie ». De plus, le pays a une frontière commune de 612 kilomètres avec l'Ukraine. « Dans une telle situation, la Roumanie est naturellement pour l'UE, pour Macron, un atout précieux pour commencer la guerre », a-t-il déclaré. « Ils veulent transformer l'OTAN en une force offensive » et « poussent à la guerre. (...) Ma position est exactement contraire à la leur. (...) Quand j'ai... dit le mot ‘paix’, ils ont immédiatement été alarmés (...) car ils ont besoin d'une guerre. »

La majorité des Roumains partagent sa position et condamnent toute intervention extérieure. Mais la « mafia globaliste », qui lui refuse la candidature présidentielle en Roumanie, est la même qu'aux États-Unis, où elle a tenté de perturber la campagne de Trump avec la même tactique de diffamation.

Déjà lors d'une apparition dans la « Shawn Ryan Show » en janvier, Georgescu avait insinué que l'infrastructure militaire de l'OTAN pourrait être utilisée pour une attaque contre la Russie. Près de la ville de Constanța, l'aéroport « Mihail Kogălniceanu » est actuellement en cours de transformation pour devenir la plus grande installation de l'OTAN en Europe. Moscou a déjà classé cette base comme partie majeure d'un dispositif « antirusse » et a averti qu'elle serait l'une des premières cibles des représailles dans un conflit militaire (mü).

Source: Zu erst, 04/2025.

jeudi, 17 avril 2025

Une occasion historique de quitter l'OTAN

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Une occasion historique de quitter l'OTAN

par Salvo Ardizzone

Source : Italicum & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/e-l-occasione-sto...

Le sage dirait que nous vivons une époque intéressante, une époque qui restera dans les livres d'histoire. Nous assistons certes à une transition hégémonique, au passage de l'unipolarité à la multipolarité, plus exactement au polycentrisme, mais cette transition produit une révolution géopolitique mondiale d'une ampleur supérieure à celle qui a suivi l'effondrement de l'URSS.

De l'extérieur, nous assistons à une apparente folie dans laquelle les États-Unis liquident leur empire passé et ses instruments, tandis que leurs sujets européens, au lieu de se réjouir de cet affranchissement, y restent attachés. En particulier à l'OTAN. En fait, par une ultime ironie de l'histoire, après avoir provoqué d'innombrables renversements de gouvernements et coups d'État dans le monde, c'est Washington qui a subi un changement de régime radical qui ébranle la base du pouvoir américain.

Pour comprendre cette bizarrerie, il faut se pencher sur le chemin qui a conduit à la situation actuelle. Les États-Unis sont sortis victorieux de la Seconde Guerre mondiale et ont pris le contrôle de l'Europe occidentale. Ils ont dépouillé du concept d'Occident l'ensemble des nations européennes, brisées par la guerre, et l'ont vidé de son contenu culturel, historique et politique, en le remplissant de leur propre contenu, qui n'avait rien, mais absolument rien, à voir avec l'original, et en ont fait la bannière de leur nouvel empire.

Et c'est pour défendre cet empire nouvellement construit, et non l'Europe, qu'ils ont créé l'OTAN. Précision nécessaire car il a été dit officiellement, et on le répète encore comme un mantra, qu'elle a été créée pour défendre le continent européen: c'est de la foutaise !

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Outre le fait que l'OTAN a vu le jour en 1949, six ans avant que son adversaire déclaré, le Pacte de Varsovie, ne soit formé en 1955, l'essence de l'Alliance atlantique a été admirablement résumée par son premier secrétaire général, le Britannique Sir Lionel Ismay, qui a déclaré qu'elle servait à « maintenir les Américains à l'intérieur, les Russes à l'extérieur et les Allemands à en-dessous », c'est-à-dire, en clair, toute nation européenne désireuse d'émerger. Le territoire européen n'était que la ligne de défense avancée des États-Unis contre leur adversaire, l'Union soviétique.

Pour le confirmer, les très nombreux documents décryptés montrent que la guerre, si elle devait éclater, était destinée à se dérouler en Europe, car les États-Unis n'auraient jamais pris le risque de voir Boston ou New York vitrifiées pour défendre une ville européenne. C'est parce qu'à l'OTAN, il n'y a jamais eu d'égalité, mais un maître - bien visible - et des serviteurs.

Pendant près de quatre-vingts ans, on nous a dit que l'article 5 du pacte atlantique garantissait les pays européens contre toute agression, parce qu'une attaque contre l'un d'entre eux impliquerait « automatiquement » une attaque contre tous les autres, mais surtout contre les Américains. Encore des balivernes, proférées avec une hypocrisie égale à la mauvaise foi. Le passage essentiel de l'article stipule textuellement que le membre de l'Alliance : « prendra les mesures qu'il jugera nécessaires pour aider les parties attaquées », ce qui signifie : il fera ce qu'il veut. Exactement ce qui se passe aujourd'hui avec l'Ukraine, avec les résultats désastreux que l'on connaît. Et, à bien y penser, ce n'est pas un hasard si des voix s'élèvent pour proposer d'accorder à Kiev la couverture de l'article 5 sans l'admettre dans l'OTAN, en somme un geste politique qui, en fait, ne changerait rien.

L'OTAN est-elle donc une organisation défensive ? Certainement oui, mais pour les intérêts américains. Et c'est pourquoi, avec la dissolution de l'URSS, elle n'a nullement perdu sa raison d'être. Nous avons vu que, parallèlement à l'expansion mondiale de l'unipolarité hégémonique, elle a été la projection armée des intérêts américains dans le monde. En 1999, ils ont bombardé la Serbie, en 2001, ils ont envahi l'Afghanistan, en 2003, bien qu'ils ne soient pas intervenu officiellement, ils ont mis leurs actifs à la disposition de l'invasion malheureuse de l'Irak, lançant la première de nombreuses « coalitions de volontaires ». En 2011, l'OTAN a attaqué la Libye, avec des conséquences que nous déplorons encore aujourd'hui. Et puis l'Ukraine, qu'elle a pénétrée dans les années 1990, en s'y implantant et en produisant le désastre d'aujourd'hui, où la question n'est plus de savoir si l'Ukraine peut ou ne peut pas rejoindre l'OTAN, mais si l'OTAN doit la quitter après des décennies.

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Et ce ne sont là que quelques-unes des interventions sans fin dans le sillage des Américains, à qui les membres ont fourni des moyens, des hommes, de l'aide dans une succession de guerres sanglantes. Attention : toutes les guerres des bons contre les méchants, toutes les guerres pour la soi-disant liberté contre des ennemis assimilés au mal, et pour cette raison à détruire par tous les moyens, avec des bombes justifiées quoi qu'il en soit, des bombes légitimes, bonnes. Parce que les bombes américaines le sont toujours. Comme celles larguées sur Hiroshima et Nagasaki, sur la Corée, sur le Vietnam, sur l'Afghanistan, sur l'Irak, sur la Serbie, sur la Libye, jusqu'à celles qui tombent aujourd'hui sur Gaza et le Yémen avec la même matrice, identique. Les bons, qui les lâchent, contre les méchants, c'est-à-dire les femmes et les enfants qui sont massacrés au nom d'une civilisation supérieure.

C'est dans cet esprit qu'au fil des ans, l'OTAN a cessé de se concentrer sur l'Union soviétique et, plus récemment, sur la Russie, pour englober le monde entier, jusqu'à l'Indo-Pacifique, dans le cadre de la nouvelle confrontation autodestructrice avec la Chine. Devenir l'OTAN globale, l'Alliance de l'Atlantique Nord englobant le monde entier, un oxymore fonctionnel aux intérêts du maître américain.

Mais aujourd'hui, l'Amérique a fait ses comptes et s'est retrouvée dans le rouge, elle est obligée de renoncer à son ambition d'empire, d'homologation de la planète à elle-même ; elle ne peut plus soutenir une Amérique globale, elle n'en a plus les moyens, et donc elle revient à l'idée d'Amérique américaine, ou plutôt d'Amérique forteresse égocentrique, qui ne veut plus faire partie de rien d'autre. Elle ne veut plus être l'Occident au nom d'un empire qu'elle rejette aujourd'hui, mais simplement l'Amérique. C'est le retour aux sphères d'influence, ce qui ne signifie nullement le renoncement à imposer ses intérêts par la force, bien au contraire. A ce stade, elle se moque d'avoir des alliés, même symboliques, elle ne veut que des instruments au service de ses intérêts.

C'est pourquoi elle ne dissout pas du tout l'OTAN, elle la met « en latence » - c'est le terme à la mode à Washington aujourd'hui - pour l'activer à sa convenance sans en assumer les charges, qui seront toutes répercutées sur les autres membres. Mais en prétendant exploiter ses soi-disant partenaires en leur imposant l'achat de ses propres systèmes d'armes, de son gaz à des prix trois, quatre fois plus élevés, l'ouverture de leurs économies à sa propre finance prédatrice, puis des droits et des conditionnements politiques de toutes sortes. Bref, de la pure intimidation à sa convenance, dans la présomption, certes très douteuse, d'être le plus fort.

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Pour en revenir à l'image d'aujourd'hui, comment interpréter le fossé qui sépare les dirigeants européens actuels des États-Unis ? Peut-être parce qu'ils entendent enfin revendiquer leur autonomie ? Ou de poursuivre leurs propres intérêts nationaux jusqu'ici bafoués ? Non, pas du tout. Parce qu'ils ont grandi depuis trois générations grâce au pain de Washington, donnant leur allégeance bien plus tôt aux États-Unis qu'à leurs propres nations. Quel que soit le président de la Maison Blanche, ils sont liés à ce qui fut l'empire américain, en ce sens qu'ils s'y reconnaissent parce que c'est le seul cohérent avec leur propre sphère de pouvoir, qu'ils en sont orphelins et qu'ils restent attachés à ce schéma comme des naufragés dans une tempête qu'ils ne comprennent pas. C'est pourquoi ils s'allient à une partie de l'État profond américain, qui a puisé dans le système passé la logique et les pratiques de son propre pouvoir, ce qui génère un conflit interne qui déchire ce qui, hier encore, était l'Ouest américain.

À ce stade, d'autres leaderships du Vieux Continent, comme la France de Macron ou le Royaume-Uni de Starmer, se font les protagonistes d'un activisme cynique et inconscient, en fait stérile, totalement irréaliste, certes, mais aux conséquences potentiellement dévastatrices, parce qu'ils jouent avec un conflit nucléaire.

C'est dans cette perspective qu'il faut lire les nouvelles dont on n'entendait pas parler jusqu'à hier: le Pentagone déserte délibérément la double réunion des ministres de la défense de l'Alliance atlantique, prenant ouvertement ses distances avec les « volontaires » qui entendent continuer à alimenter le conflit ukrainien ; la présidence américaine évoque la possibilité de céder le leadership militaire de l'Alliance atlantique aux Européens, un rôle qui a toujours été réservé aux Américains ; de hauts fonctionnaires chuchotent à la presse l'intention du Pentagone de retirer au moins 10.000 soldats de Pologne et de Roumanie. Tout cela alors que Washington tente de mettre fin à la guerre en Ukraine et que les dirigeants européens font tout ce qui est en leur pouvoir pour saboter les négociations.

En citant Mao, on pourrait dire : « la confusion est grande sous le ciel, donc la situation est excellente ». Oui, parce qu'il existe aujourd'hui une occasion unique de quitter l'OTAN, ou mieux, de la démanteler et de nous libérer d'un asservissement qui dure depuis quatre-vingts ans ; de redevenir les acteurs de notre propre histoire et non les instruments de l'histoire des autres, de reconstruire une souveraineté perdue. Et ce parce que, au mépris du courant dominant, il est contradictoire d'être à l'intérieur de l'OTAN et de se dire souverain. Et, plus encore, c'est une contradiction d'être dans l'OTAN et de se dire patriote. Être dans l'OTAN, c'est piétiner ses propres intérêts au profit de ceux des autres. Être dans l'OTAN, c'est être un sujet. Il est temps que cela cesse.  

L'UE est une création des États-Unis

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L'UE est une création des États-Unis

Par L. Perona

Source: https://infoposta.com.ar/notas/14039/la-ue-fue-una-creaci...

Il y a des indications que la Communauté économique européenne, aujourd'hui devenue un gros éléphant bureaucratique, maladroit et liberticide, a été créée par la CIA et son prédécesseur, l'OSS. Joshua Paul, chercheur à l'université de Georgetown, selon un article publié par Ambrose Evans-Pritchard dans le Telegraph de Londres le 19 septembre 2000, a trouvé des documents déclassifiés du gouvernement américain qui suggèrent l'implication des États-Unis dans la promotion de l'intégration européenne au cours des années 1950 et 1960. La nation américaine est devenue un empire menaçant pour l'Europe depuis son agression contre l'Espagne en 1898. À cette époque, comme l'a souligné à plusieurs reprises le philosophe Carlos X. Blanco dans ses ouvrages, « les nations du monde ne sont pas seulement puissantes, elles sont aussi les plus puissantes ». Les nations européennes se sont croisées les bras et ont permis l'humiliation de l'une des leurs », écrit Blanco dans ses ouvrages. L'Amérique espagnole n'est plus la seule à être à leur merci. Il s'agit désormais de contrôler le « Vieux Continent ». L'intervention opportune et opportuniste dans les deux guerres mondiales a permis aux Yankees d'accroître leur ingérence.

Voici ce que Joshua Paul a découvert :

Le professeur Paul a découvert des dossiers dans les archives nationales américaines qui indiquent que les services de renseignement américains, notamment par l'intermédiaire du Comité américain pour une Europe unie (ACUE), créé en 1948, ont financé et dirigé des mouvements fédéralistes européens, tels que le dit "Mouvement européen". L'ACUE, présidé par William J. Donovan (ancien chef de l'OSS, ancêtre de la CIA) et dont Allen Dulles (directeur de la CIA dans les années 1950) était le vice-président, canalisait des fonds provenant de fondations telles que les fondations Ford et Rockefeller, ainsi que de groupes d'affaires proches du gouvernement américain, pour soutenir des initiatives en faveur d'une Europe unie. Les moteurs de recherche automatique d'informations ainsi que les forums de discussion sur l'IA insistent pour dire à l'utilisateur que « canaliser des fonds », ce n'est pas payer pour la création institutionnelle de l'Union européenne (ou de ses précédents). Laissons au lecteur le soin de tirer ses propres conclusions.

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Il existe un mémo daté du 26 juillet 1950, signé par Donovan, qui donne des instructions précises sur une campagne de promotion d'un parlement européen pleinement constitué. En outre, le département d'État américain a joué un rôle important, comme en témoigne une note de 1965 conseillant au vice-président de la Communauté économique européenne, Robert Marjolin, de procéder à l'union monétaire de manière discrète, en évitant les débats publics jusqu'à ce que les propositions aboutissent inévitablement en pratique. En réalité, tout le processus d'unification européenne s'est déroulé de la sorte : à pas feutrés et discrets, dans le dos des peuples, en leur présentant des « produits » tout faits. Les dirigeants eux-mêmes - comme aujourd'hui la néfaste Ursula von der Leyen - disposent d'une autorité croissante, non soutenue par le suffrage, étrangère à toute velléité de « souveraineté populaire ». Elle met parfaitement en corrélation la dépossession de la souveraineté nationale des peuples d'Europe avec l'autoritarisme et l'ingérence sans cesse croissants et incontestés de l'UE. La guerre actuelle en Ukraine, dans laquelle l'UE s'est révélée être le bras civil propagandiste de l'OTAN, ainsi que la passivité, voire la partisanerie pro-sioniste de l'Union européenne, reflètent le fait que l'argent des fondations américaines continue de contrôler le racket européiste.

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Comment cela s'est fait

Ces fonds américains ne sont pas allés directement à la création du marché commun européen (la CEE, établie par le traité de Rome en 1957), mais ont soutenu des mouvements et des initiatives qui promouvaient l'idée d'une Europe unie, tels que la Campagne européenne de la jeunesse et le Mouvement européen lui-même. Des personnalités telles que Robert Schuman, Paul-Henri Spaak et Joseph Retinger, dirigeants du Mouvement européen, ont reçu un soutien financier des États-Unis, en dollars, bien que ce flux de papier vert ait été traité comme une opération secrète. Lorsque Retinger a tenté de lever des fonds en Europe pour réduire sa dépendance à l'égard des États-Unis, il a été rapidement réprimandé par les bailleurs de fonds américains. Il est à noter que l'intervention américaine a été constante depuis le débarquement de leurs troupes sur le « Vieux Continent ». L'existence de centaines de bases militaires (fortement concentrées dans les pays vaincus, l'Allemagne et l'Italie, mais aussi dans les autres États d'Europe occidentale) rappelle aux Européens qu'ils ne disposeront jamais d'une armée unie et que, séparément, ils n'auront jamais de souveraineté défensive. Il s'agissait, et il s'agit toujours, d'avoir « l'Allemagne en dessous et la Russie en face », mais aussi « les Etats-Unis au sommet ».

L'Union européenne, loin d'être un simple instrument d'ordre commercial, dans une certaine mesure nécessaire puisque les pays européens sont très petits, est devenue, au fil du temps, un instrument pour soumettre l'Europe plus qu'elle ne l'était déjà par la « crétinisation générale de la population » (selon des auteurs espagnols comme J. M. de Prada et Carlos X. Blanco), d'abord avec des musiques et des danses africoïdes, ensuite avec Hollywood et la « Caja Tonta » et maintenant avec les réseaux sociaux et l'idéologie wokiste.

Les documents suggèrent que les États-Unis voyaient dans l'intégration européenne un moyen de stabiliser le continent, de contrer l'influence soviétique pendant la guerre froide et de faciliter le contrôle politique en traitant avec un bloc unifié plutôt qu'avec de multiples gouvernements nationaux. Ces stratégies vont de pair avec le financement et la corruption de partis, de syndicats et même de groupes terroristes. En Espagne, par exemple, le groupe séparatiste et terroriste ETA était, comme le parti nationaliste basque, étroitement lié aux Américains (auparavant, aux Britanniques et au MI6). Les livres de l'historien Armando Besga sont à recommander fortement sur ce chapitre. Rappelons que l'argent et les manœuvres yankees ont été à l'origine de l'assassinat de l'amiral Carrero Blanco, bastion de la souveraineté espagnole face à la puissance de l'empire yankee. La disparition du gaullisme français et du franquisme espagnol a été déterminante pour la colonisation de l'ensemble de l'Europe occidentale.

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Certains analystes, comme Paul Craig Roberts, ont interprété ces résultats comme la preuve que l'Union européenne était une « création de la CIA ». L'intégration européenne a été menée par des dirigeants européens qui avaient leurs propres objectifs, mais ils ont également travaillé en tant que serviteurs de l'Empire occupant, et les fonds américains ne représentaient qu'une partie de l'effort ; il y avait également des finances locales derrière le projet, des finances ploutocratiques dans tous les cas. Les documents indiquent au moins que les États-Unis ont soutenu des mouvements qui correspondaient à leurs intérêts géopolitiques.

Les travaux de Joshua Paul révèlent le soutien financier et politique occulte des États-Unis au bénéfice de mouvements pro-européens et permettent dès lors de soupçonner que le marché commun européen a été créé avec de « l'argent américain », au moins de manière indirecte. La CEE a été financée et mise en place par les pays fondateurs (France, Allemagne de l'Ouest, Italie, Belgique, Pays-Bas et Luxembourg) et par la CIA. Aujourd'hui, cette Europe « unie », dans son manque de souveraineté, parie sur la prolongation de la guerre en Ukraine, en la payant de sa poche, en se ruinant par la même occasion, et détourne le regard sur la question du génocide à Gaza, ignorant que bientôt le génocide sera perpétré dans les propres colonies des Yankees: dans les propres États bananiers de l'UE.

mardi, 15 avril 2025

Les Polonais perdent-ils confiance dans les États-Unis ?

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Les Polonais perdent-ils confiance dans les États-Unis ?

Source: https://rmx.news/poland/are-poles-losing-faith-in-the-usa/

Selon un récent sondage, la majorité des Polonais ne croient pas que le président américain Trump aiderait la Pologne en cas d'attaque militaire.

Selon un récent sondage, la majorité des Polonais ne croient pas que le président américain Trump aiderait la Pologne en cas d'attaque, et ceux qui croient qu'il le ferait sont étonnamment peu nombreux.

« Pendant des années, après la transformation politique en Pologne, il semblait que nos relations avec les États-Unis se rapprochaient de plus en plus. Nous avons envoyé nos contingents lorsque les États-Unis en avaient besoin, nous achetons du matériel américain, et des milliers de soldats américains sont toujours stationnés sur la Vistule. Cependant, ces années de renforcement des liens ne sont pas visibles lorsque vous demandez aux Polonais aujourd'hui si les États-Unis nous aideraient en cas de guerre », écrit Business Insider Polska.

SW Research a demandé aux Polonais, à la demande de rp.pl, la question suivante : « Croyez-vous que les États-Unis sous le règne de Donald Trump viendraient en aide militaire à la Pologne si notre pays était attaqué ? »

Ceux qui ont répondu « Oui » représentaient 25,7%; ceux qui ont répondu « Non » 50,8%; et l'option « Je n'ai pas d'opinion » était à 23,4%.

L'étude a été réalisée par l'agence de recherche SW Research parmi les utilisateurs du panel en ligne SW Panel les 8 et 9 avril 2025. L'analyse a couvert un groupe de 800 utilisateurs d'Internet âgés de plus de 18 ans.

En 2022, rappelle BI, l'Institut des affaires publiques a demandé aux Polonais sur le site Stan Polityki qui aiderait la Pologne en cas d'attaque d'un pays étranger. À ce moment-là, près de 60 % ont indiqué l'OTAN, et 50,19 % ont cité les États-Unis (plus d'une réponse pouvait être donnée).

Le sondage de 2022 a été réalisé par le biais d'entretiens téléphoniques assistés par ordinateur (CATI) sur un échantillon représentatif de 800 résidents adultes de Pologne.

La Chine exalte l'empereur Hadrien et rêve d'un avenir commun avec l'Europe

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La Chine exalte l'empereur Hadrien et rêve d'un avenir commun avec l'Europe

Luca Bagatin

Source: https://electomagazine.it/la-cina-esalta-limperatore-adri...

Alors que l'incohérent Trump (non moins irresponsable que son prédécesseur Biden) s'apprête à imposer de lourds tarifs douaniers contre une Chine qui, durant toutes ces années, a garanti le libre-échange, la paix et la stabilité mondiale, le bâtisseur de dialogue et de ponts, le professeur Giancarlo Elia Valori (photo) et sa Fondation pour les études internationales et géopolitiques, ont organisé une importante conférence-atelier - les 9 et 10 avril 2025 - sur le sujet.

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Giancarlo Elia Valori et Oliviero Diliberto.

Celle qui s'est tenue à Rome, en collaboration avec la Chambre de commerce de Rome, au Temple de Vibia Sabina et Hadrian, intitulée « La mondialisation, un nouveau paradigme de développement multipolaire » - et à laquelle j'ai assisté le premier jour - était une conférence profondément clairvoyante et d'une grande actualité, notamment parce qu'elle se concentrait précisément sur la coopération Chine-Europe-Italie et les opportunités qui en découlent.

Valori et Oliviero Diliberto, qui ont donné la parole au ministre conseiller de l'ambassade de Chine, Li Xiaoyong.

Le ministre Li a souligné l'engagement de la République populaire de Chine, dans les relations Chine-Italie, en faveur d'une coopération pragmatique entre les institutions et les entreprises. Une coopération basée sur le bénéfice mutuel.

Le ministre a également loué la figure de l'empereur romain Hadrien, rappelant qu'il était inspiré par des valeurs fondatrices telles que la paix et la stabilité, qui sont les mêmes valeurs de la Chine moderne, basées sur un esprit d'ouverture et d'inclusion.

Il a déclaré que les droits de douane imposés par les États-Unis à la Chine et à l'UE constituaient une violation des règles du commerce international. La Chine a donc l'intention de prendre des contre-mesures appropriées.

Le ministre Li a souligné que, contrairement aux tarifs douaniers, un nouvel ordre mondial multipolaire basé sur la coopération et le développement devrait être établi, comme c'est déjà le cas entre les entreprises italiennes et chinoises.

Le ministre a également déclaré que la Chine avait l'intention de continuer à s'ouvrir au monde extérieur, à partager les opportunités de développement et à promouvoir le libre-échange multilatéral.

Elle continuera également à promouvoir les liens d'amitié entre la Chine et l'Italie et entre la Chine et l'UE.

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Andrea Tobia Zevi.

Ensuite, le conseiller pour le patrimoine et les politiques du logement, Andrea Tobia Zevi, s'est exprimé au nom de la municipalité de Rome, qu'il représentait.

Le conseiller Zevi a salué le titre de la conférence comme une incitation à surmonter le moment historique actuel dans lequel nous vivons. Promouvoir un développement multipolaire.

Il a également souligné que les villes, au fil du temps, acquièrent de plus en plus leur propre centralité géopolitique. Alors que les relations entre les États semblent de plus en plus difficiles, les villes peuvent devenir des réalités pour promouvoir la coopération.

Rome, a déclaré le conseiller, est une ville universelle à bien des égards et peut favoriser la construction de nouveaux ponts entre l'Italie, la Chine et l'Europe.

Pietro Abate, représentant de la Chambre de commerce de Rome, a ensuite pris la parole, apportant ses salutations et soulignant que le professeur Giancarlo Elia Valori, plus le temps passe, plus il met en avant des sujets d'une grande actualité.

Le professeur Valori a ensuite pris la parole, rappelant que ses liens d'amitié avec la République populaire de Chine remontent à 1976. C'est alors qu'il a commencé à comprendre, à étudier et à apprendre les développements de cette grande réalité millénaire, qui a su combiner socialisme et confucianisme, tradition et innovation.

Le professeur Diliberto a ensuite pris la parole, soulignant que la conférence organisée par la Fondation pour les études internationales et la géopolitique et conçue il y a quelques mois, se déroule précisément à un moment historique crucial et difficile.

Un contexte où les grandes organisations internationales semblent mortes et où les équilibres issus de la fin de la Seconde Guerre mondiale ont été rompus. La Cour pénale internationale et l'OMC semblent en crise profonde, tout comme le droit international.

La force, a souligné le professeur Diliberto, remplace les règles. Le monde est en train de se redessiner complètement.

Alors que les États-Unis sont devenus protectionnistes, la Chine promeut le libre-échange.

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Le professeur Diliberto a rappelé que, dans ce chaos, le président chinois Xi Jinping a formulé une belle suggestion qui s'incarne dans la phrase « Construire une communauté avec un avenir commun ».

En d'autres termes, l'avenir de chaque pays est lié à celui de tous les autres et, par conséquent, nous devons travailler ensemble pour construire une communauté harmonieuse dans laquelle nous pouvons grandir ensemble et parvenir à une vie meilleure pour les peuples des différents pays.

Malheureusement, comme l'a souligné M. Diliberto, le monde semble aller dans la direction opposée. Une direction confuse et non réglementée.

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Marco Tronchetti Provera.

Marco Tronchetti Provera a souligné la clairvoyance du professeur Valori dans l'organisation d'une conférence d'une telle ampleur. Il a également souligné qu'aujourd'hui, la Chine est la voix du monde global.

Une Chine que les Etats-Unis tentent de défier depuis longtemps, mais avec laquelle, tôt ou tard, ils seront amenés à négocier, notamment parce que l'économie américaine risque, avec les tarifs douaniers, de ne plus croître.

Selon le Dr Tronchetti Provera, c'est une bonne chose que l'UE améliore ses relations avec la Chine, même si l'UE - qui s'est élargie de manière irrationnelle - n'a pas encore créé la base permettant d'unir les forces des différents pays qui la composent. Il en résulte un manque de gouvernance commune.

Le Dr. Tronchetti Provera a conclu son discours en soulignant que Pirelli entretient d'excellentes relations avec les entreprises et les institutions chinoises depuis plus de vingt ans et qu'il continuera à le faire.

Le professeur Diliberto est ensuite intervenu, soulignant que l'UE est en fait inexistante en tant qu'entité politique. Et que le réarmement actuellement proposé est profondément dangereux, puisqu'il aboutira à réarmer en particulier une Allemagne qui, dans un avenir pas si lointain, pourrait se retrouver au gouvernement avec l'AFD. Avec toutes les conséquences désastreuses que cela implique.

Zhuo Xian, directeur général adjoint du Centre de recherche et de développement du Conseil d'État de la République populaire de Chine, a ensuite pris la parole.

Zhuo a souligné l'importance de conférences comme celle-ci, visant à dénoncer une politique de droits de douane, les droits de douane américains, sans précédent depuis les années 1930. Des droits qui violent les règles du commerce international et nuisent à l'économie de tous. Y compris les États-Unis.

Des droits qui provoqueront des perturbations, tant en termes d'inflation que dans le monde du travail, avec une augmentation du chômage et une détérioration des conditions de travail pour l'ensemble des travailleurs.

De nombreux pays, a souligné M. Zhuo, se rendent compte qu'ils sont devenus trop dépendants du commerce américain. La Chine, quant à elle, pourrait jouer le rôle inverse, grâce à un marché mondial ouvert au commerce.

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Ainsi, de plus grande usine du monde, la Chine pourrait devenir un important fournisseur mondial, selon le Dr Zhuo, notamment parce que le secteur logistique chinois est plus développé que celui des États-Unis, ce qui a permis à la Chine de développer des technologies à des coûts moindres.

La capacité d'innovation et de spécialisation a également permis à la Chine de produire chaque année de nombreux ingénieurs spécialisés dans divers domaines.

En Chine, a souligné le Dr Zhuo, on parle encore d'ouverture et de réformes, notamment dans le domaine du commerce international. En ce sens, les institutions chinoises entendent perfectionner leur système afin de s'adapter de plus en plus aux règles internationales en matière de commerce.

Le professeur Diliberto, qui s'est exprimé après le PDG de Herzog Strategic, Ofer Sachs, qui lui a présenté ses salutations, ainsi que Zhao Jian, vice-président du Kelun Group, a rappelé que le professeur Valori, qui a été le premier à promouvoir les relations amicales entre la République populaire de Chine et l'État d'Israël, a toujours été un bâtisseur de ponts. Un pontifex, selon l'ancienne définition donnée aux magistrats romains.

En d'autres termes, un défenseur de cette diplomatie parallèle qui cherche à rapprocher et à unir des réalités différentes par l'histoire, la culture, la religion et l'idéologie. Pour le bien commun et la paix mondiale.

Des aspects dont nous avons absolument besoin.

L'OTAN contre l'Europe

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L'OTAN contre l'Europe

Daniele Perra

Source: https://telegra.ph/La-NATO-contro-lEuropa-04-11

L'Alliance atlantique, avec son appareil multidimensionnel, se présente encore comme le meilleur instrument pour maintenir le Vieux Continent dans une condition de captivité géopolitique « éternelle ». Une partie de cette histoire trouble sera retracée ici.

Lord Hastings, premier secrétaire général de l'OTAN, a eu l'occasion de déclarer que le but de l'Alliance était de maintenir une présence anglo-américaine ferme sur le continent européen, l'Allemagne dans un état de soumission et la Russie hors de l'Europe.

Quelques décennies plus tard, après l'effondrement de l'URSS et du Pacte de Varsovie (les raisons existentielles de l'OTAN elle-même, même si elle est née six ans avant le Pacte de Varsovie), dans un article de la prestigieuse revue Foreign Affairs, l'ancien conseiller et stratège de la Maison Blanche Zbigniew Brzezinski s'exprimait ainsi : « L'Europe est la tête de pont géopolitique fondamentale de l'Amérique en Eurasie. Le rôle de l'Amérique dans l'Europe démocratique est énorme. Contrairement aux liens entre l'Amérique et le Japon, l'OTAN renforce l'influence politique et militaire américaine sur le continent eurasien. Les nations européennes alliées étant toujours fortement dépendantes de la protection américaine, toute extension de la portée politique de l'Europe est automatiquement une extension de l'influence américaine. Une Europe élargie et une OTAN élargie serviront les intérêts à court et à long terme de la politique européenne. Une Europe élargie étendra le rayon d'influence des États-Unis sans créer, en même temps, une Europe politiquement intégrée telle qu'elle serait capable de défier les États-Unis dans les questions d'importance géopolitique, en particulier au Proche-Orient ». Brzezinski a ensuite ajouté le rôle clé que jouerait l'Ukraine pour maintenir la séparation entre l'Europe et la Russie. Son « indépendance dépendante » des États-Unis et de l'OTAN constituerait en fait un exemple pour d'autres États « stratégiquement décisifs » sur l'échiquier eurasien, tels que l'Azerbaïdjan ou certaines anciennes républiques soviétiques d'Asie centrale.

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Au début des années 2000, le secrétaire à la défense de l'administration Bush Jr, Donald Rumsfeld (photo), a également observé que le centre de gravité de l'Alliance atlantique se déplaçait rapidement vers l'est, c'est-à-dire vers les pays (tels que la Pologne et les États baltes) qui auraient dû constituer un mur, un bastion avancé (un véritable « cordon sanitaire »), face à la Russie. Ce n'est pas un hasard si le penseur français Alain de Beonits a souligné à cet égard que les sentiments authentiquement européens de ces pays étaient d'autant plus réduits que leur atlantisme était accentué. En même temps, il soulignait combien l'extension sans aucune réforme de l'Union était absolument fonctionnelle à l'augmentation de son impuissance (comme le souhaitait Brzezinski lui-même).

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Enfin, il y a quelques jours à peine, l'actuel secrétaire d'État américain Marco Rubio (dont les origines idéologiques se trouvent dans le camp "néocon") a déclaré que, sous la nouvelle administration Trump, les États-Unis étaient plus actifs que jamais au sein de l'Alliance. Pour être juste, la politique d'augmentation de la présence militaire de l'OTAN dans les pays d'Europe de l'Est et la promotion de l'"Initiative des trois mers", visant à limiter la projection d'influence de la Russie par le biais des ressources énergétiques, avaient déjà été menées pendant le premier mandat de Trump. Quoi qu'il en soit, Rubio, tout en dissipant également les doutes sur l'avenir de l'OTAN - Washington optera probablement de toute façon pour sa réforme - et de son action en Ukraine (le prétendu « désengagement » trumpiste se révèle en réalité un dessein visant la pénétration à plusieurs niveaux dans le tissu politico-économique ukrainien), a également déclaré qu'il s'attendait à une augmentation des dépenses militaires, jusqu'à 5% du PIB des pays européens.

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Face à cette expansion plus ou moins spéculaire de l'Union européenne et de l'OTAN, il semble nécessaire de s'interroger sur l'avenir de cette relation, étant donné que l'OTAN elle-même a souvent opéré en totale opposition avec les intérêts de l'Europe. Sur le plan historique, le politologue Samir Amin (photo) soulignait déjà que l'inclusion dans les traités européens d'une alliance déséquilibrée avec une puissance étrangère à l'Union représentait une « aberration sans pareille ». La construction de l'UE n'a en effet jamais remis en cause la subordination européenne aux États-Unis, bien au contraire. Pour adhérer à l'UE, il faut d'abord passer par les Fourches Caudines de l'acceptation du fait atlantique. De plus, le projet techno-mercantiliste de l'UE s'est lui-même présenté comme absolument subordonné au projet hégémonique du dollar américain.

Et lorsque l'euro a menacé la monnaie nord-américaine, c'est précisément l'OTAN qui a servi d'instrument de déstabilisation/affaiblissement du Vieux Continent, en pleine conformité avec cette « doctrine Webster » (du nom du directeur de la CIA de 1987 à 1991) qui, avant même l'introduction de la monnaie unique, avait stigmatisé les alliés des Etats-Unis comme des rivaux économiques potentiels. Cependant, à propos de l'euro, Brzezinski écrit encore: « L'euro pourrait représenter un danger pour le dollar si, derrière l'euro, il y avait la volonté politique de contester l'hégémonie planétaire des Etats-Unis. Mais cette volonté n'existe pas [...] le caractère anti-américain de l'euro n'est qu'une possibilité abstraite, alors que ce qui existe en pratique, c'est la subordination totale des classes dirigeantes européennes à l'hégémonie américaine ». Et cette volonté n'existe même pas aujourd'hui. Dès que la guerre commerciale des États-Unis contre l'Europe apparaîtra comme une véritable occasion de séparer les deux rives de l'Atlantique, Washington utilisera les divisions au sein du « projet » européen et de sa classe dirigeante collaborationniste pour négocier en position de force avec des États individuels et obtenir des avantages économiques évidents sur la base de l'idée « structuraliste » selon laquelle l'appauvrissement de la périphérie est fonctionnel à un (nouvel) enrichissement du centre.

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Le général chinois Qiao Liang a longuement traité de l'OTAN en tant qu'instrument de déstabilisation et d'affaiblissement de l'euro dans son ouvrage Empire Arc. Il a par exemple décrit sans détour la guerre de 1999 au Kosovo (et l'opération Allied Force de l'OTAN) comme un « conflit américain au cœur de l'Europe » dont l'objectif était de polluer le climat d'investissement sur le Vieux Continent et de tuer dans l'œuf l'euro en tant que concurrent du dollar. Avant le déclenchement de la guerre dans les Balkans, rapporte l'armée chinoise, 700 milliards de dollars se baladaient en Europe sans pouvoir être investis. Dès le début des bombardements de l'OTAN sur l'ex-Yougoslavie, 400 milliards ont été immédiatement retirés du sol européen. 200 sont retournés directement aux États-Unis. Deux cents autres sont allés à Hong Kong, où certains spéculateurs haussiers voulaient utiliser la ville comme tremplin pour accéder au marché de la Chine continentale. C'est à ce moment précis qu'est survenu le bombardement « accidentel » de l'ambassade de Chine à Belgrade par des « missiles intelligents » de l'Alliance atlantique, avec pour résultat que les 400 milliards sont tous retournés à Wall Street.

En novembre 2000, Saddam Hussein a annoncé que l'Irak utiliserait l'euro comme monnaie de référence pour les transactions pétrolières, compte tenu du fait que de nombreuses compagnies pétrolières opérant en Irak étaient européennes (principalement françaises). Le premier décret publié par le gouvernement irakien établi par (et sous) les bombes de la « coalition des volontaires » dirigée par les États-Unis, sans surprise, a été le retour immédiat à l'utilisation du dollar pour le commerce du pétrole brut.

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L'agression de l'OTAN contre la Libye (et l'agression indirecte contre la Syrie), d'autre part, fait partie d'un plan visant à déstabiliser les rives sud et est de la Méditerranée afin de maintenir l'Europe sous la menace constante de la « bombe migratoire », qui est incontrôlée, et d'empêcher toute aspiration à une souveraineté réelle et coopérative (avec les pays d'Afrique du Nord) sur cette mer intérieure d'importance cruciale.

Le même discours peut facilement être appliqué à la crise ukrainienne qui a commencé en 2014 et s'est transformée en guerre ouverte, dont le but, cependant, n'était pas seulement de polluer le climat d'investissement en Europe ou de faire entrer de l'argent dans les coffres du secteur industriel de guerre nord-américain, mais aussi de séparer l'Europe de la Russie: en d'autres termes, de donner de la vigueur au dessein spykmanien de diviser les ressources énergétiques du Heartland et le potentiel industriel du Rimland. La participation d'éléments de l'OTAN au sabotage du gazoduc Nord Stream et le rôle de l'Alliance dans le conflit (en particulier, dans l'initiative de guerre ratée de Koursk visant une fois de plus à couper les corridors gaziers vers l'Europe), en ce sens, étaient tout à fait emblématiques.

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Il convient de souligner que l'idée de déstabilisation, d'endiguement et d'assujettissement du projet d'unification européenne a une origine précise. Dès la réunion du Conseil atlantique du 7 novembre 1991, les Etats-Unis ont accepté le projet d'intégration européenne, en affirmant toutefois qu'il faisait partie d'un plan plus large visant à restructurer l'OTAN de manière à laisser inchangés les rapports de force internes à l'Alliance.

En effet, comme le rapportait il y a quelque temps le journaliste et essayiste Claudio Celani : « A l'approche de l'effondrement du “rideau de fer” en 1989, les milieux oligarchiques anglo-américains ont décidé qu'il fallait à tout prix empêcher que la réunification allemande ne soit le tremplin d'une nouvelle politique d'indépendance, d'intégration et de développement économique pour tout le continent, restaurant le projet de De Gaulle d'une Europe de l'Atlantique à l'Oural. Les attaques contre l'Allemagne en tant que "quatrième Reich" [alors très répandues], qui sont parties des plus hautes sphères de Londres [...] les atrocités sans fin en ex-Yougoslavie, la déstabilisation économique de l'Europe de l'Est avec les théories de choc insensées des néolibéraux, l'élimination physique de ceux qui proposaient un plan de développement alternatif, comme le président de la Deutsche Bank Alfred Herrhausen, sont autant d'aspects de cette stratégie de déstabilisation complexe et articulée ».

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Cette déclaration montre comment l'UE, née à un moment historique précis de l'hégémonie néolibérale dans le monde anglo-américain, devait se présenter dans les plans de Washington comme un bélier de la réaction libérale en Europe, comme un véhicule de son américanisation définitive et non comme un rival économique et/ou géopolitique potentiel. Un facteur qui a transformé l'UE en une sorte de vaste supermarché soumis exclusivement à la logique du capital (bien que la primauté du facteur mercantile ait déjà été prévue par la Déclaration Schuman de mars 1950) dans lequel des lobbyistes de toutes sortes exploitent l'opacité institutionnelle et l'absence relative d'une véritable forme démocratique (la soumission du Parlement à la Commission) pour promouvoir des intérêts oligarchiques et géopolitiques spécifiques (pensons au cas du lobby israélien, dernièrement très actif au sein des institutions européennes).

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Lire également: 

http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2021/09/21/le-meurtre-geopolitique-d-alfred-herrhausen-6338973.html

http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2021/12/03/a...

L'affaire Herrhausen, quant à elle, en plus de démontrer la fonction stratégique concrète de certains terrorismes extrémistes/radicaux ou criminels (des Brigades Rouges à la mafia italienne, jusqu'à la RAF - Rote Armee Fraktion en Allemagne), qui ont souvent mis à disposition leurs propres effectifs pour protéger (plus ou moins inconsciemment) des intérêts spécifiques (notamment et paradoxalement des intérêts « atlantistes »), précise le degré d'absence de scrupules de cette action déstabilisatrice (sans compter le « terrorisme financier » des spéculateurs à la George Soros qui ont tant contribué à stimuler le processus de conversion économique européenne au libéralisme exacerbé).

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Herrhausen, en effet, comme l'économiste Detlev Karsten Rohwedder (partisan de l'intervention publique dans l'économie et d'un dirigisme fort visant au développement immédiat de l'Allemagne de l'Est, lui aussi assassiné par la RAF), pensait l'Allemagne comme un pont économique entre l'Est et l'Ouest (il était favorable à la construction de lignes ferroviaires à grande vitesse entre la Russie et l'Allemagne, cauchemar stratégique de la thalassocratie anglo-américaine) et comme centre de gravité pour le développement de tout le continent, d'une Europe soustraite au contrôle de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (instruments de la domination hégémonique nord-américaine).

La subordination de l'UE à l'OTAN est cependant devenue encore plus évidente après l'intervention directe de la Russie dans le conflit civil ukrainien. En effet, la résolution du Parlement européen sur le Livre blanc sur l'avenir de la défense européenne de 2025 semble presque identique au nouveau concept stratégique de l'OTAN né lors de la conférence de Madrid en juin 2022. Dans les deux cas, outre l'ampleur considérable de la russophobie en place, il est frappant de constater que la Chine (sous la dictée précise des États-Unis) est qualifiée d'« ennemi » ou de « menace systémique ». De cette manière, l'Europe, face aux nouveaux tarifs de Trump et à la rupture de toute relation avec la Russie, se voit également imposer une attitude hostile à l'égard de Pékin et interdire de participer à ses projets d'interconnexion eurasienne. Là encore, la résolution de l'UE parle d'un projet de réarmement européen très en vogue qui est tout à fait complémentaire de l'OTAN.

Il va sans dire que toute aspiration à un réarmement européen sans réelle souveraineté industrielle et militaire se transforme en un nouvel instrument de soumission aux diktats atlantistes et à l'industrie de guerre nord-américaine. D'autant plus que toute reconversion industrielle vers le secteur militaire (jusqu'ici privilégié par une Allemagne désireuse de surmonter la crise du secteur automobile) prendrait beaucoup de temps et coûterait beaucoup d'argent si l'on garde à l'esprit le problème de la disponibilité des matières premières et de leur transport (d'où l'idée de placer de l'argent dans l'épargne privée).

Par conséquent, le réarmement européen tant attendu, paradoxalement construit sur l'idée d'une Europe agrégée/soumise à l'OTAN, se résoudrait en une nouvelle forme de dépolitisation et de neutralisation des instances souveraines du Vieux Continent, étant donné que ceux qui sont en charge de la construction européenne ne semblent pas avoir la moindre idée de la géopolitique, contrairement à ceux qui les dirigent de l'extérieur et qui veulent empêcher la subjectivité géopolitique de l'Europe. L'idée même qu'un petit groupe de pays (France et Allemagne, par exemple) puisse aujourd'hui relancer le projet européen semble se heurter au fait qu'ils sont incapables d'une vision géopolitique qui ne soit pas obnubilée par les diktats atlantistes. L'Europe ne peut se construire au détriment des intérêts européens. On pense à l'Est comme à un ennemi, alors que le véritable ennemi est à l'Ouest.

lundi, 14 avril 2025

Vers des élections parlementaires passionnantes en Norvège

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Vers des élections parlementaires passionnantes en Norvège

Peter W. Logghe

Source: https://www.facebook.com/peter.logghe.94

Il y a quelques décennies, le paysage politique en Norvège était relativement prévisible: le parti conservateur, le Høyre, et le parti social-démocrate se maintenaient mutuellement dans un équilibre précaire. Un jour, c'était l'un qui arrivait au pouvoir, le lendemain, c'était l'autre. L'arrivée du parti de droite, le Fremskrittspartiet (FP), a perturbé cet équilibre, et plusieurs coalitions gouvernementales incluant le FP ont même vu le jour. La popularité du FP a diminué ces dernières années, le parti atteignant généralement 10 à 12% des voix.

Fin janvier 2025, le gouvernement minoritaire du parti travailliste norvégien (Ap) et du Senterpartiet est tombé à propos de l'incorporation de la législation européenne sur la politique énergétique. Car bien que la Norvège ne soit pas membre de l'UE, elle doit tout de même transcrire la législation européenne dans ses lois. Le Senterpartiet étant plutôt eurosceptique, a retiré son soutien au gouvernement. Depuis lors, le gouvernement norvégien ne se compose que de sociaux-démocrates. Les élections parlementaires sont fixées au 8 septembre. Et dans les sondages, le FP populiste monte en flèche.

L'immigration est également le thème principal dans les pays scandinave.

Selon des sondages récents, les conservateurs du Høyre reculeraient pour passer tout juste sous la barre de 20% des voix, les sociaux-démocrates conserveraient entre 26 et 27%. Le parti centriste Senterpartiet pourrait s'affaiblir et le Fremskrittspartiet ou parti du progrès pourrait voir son pourcentage doubler pour atteindre 22 %. L'attrait qu'exerce la présidente du parti, Sylvi Listhaug (photo), jouera certainement un rôle dans cette percée que l'on annonce d'ores et déjà. Le premier ministre norvégien, le social-démocrate Jonas Gahr Støre, a déjà désigné le FP comme son principal adversaire.

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Sylvi Listhaug n'est pas une inconnue en politique norvégienne : elle a été ministre de l'Agriculture, puis de la Migration, et plus tard ministre de la Justice dans le gouvernement de coalition du premier ministre conservateur Erna Solberg. Le FP peut s'attendre à un succès croissant car il s'est opposé pendant des années à la politique migratoire laxiste de la Norvège – la Norvège affiche actuellement le taux de migration le plus élevé de tous les pays scandinaves. La première ministre danoise, Mette Frederiksen (social-démocrate), a lancé un appel à ses collègues norvégiens lors d'une réunion inter-scandinave dans la capitale norvégienne, Oslo, pour qu'ils s'engagent enfin à mener une politique migratoire restrictive. Les sociaux-démocrates de Jonas Gahr Støre ne répondent donc pas à cet appel.

Six mois avant les prochaines élections parlementaires en Norvège semblent longs. Pourtant, les nerfs sont déjà à vif.

La Roumanie comme tête de pont: l'OTAN se prépare à un grand coup

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La Roumanie comme tête de pont: l'OTAN se prépare à un grand coup

Elena Fritz

Source: https://pi-news.net/2025/04/rumaenien-als-brueckenkopf-na...

Lorsqu'il s'agit de préparer une nouvelle étape dans l'escalade qui sévit en Europe aujourd'hui, la Roumanie est considérée comme le cœur silencieux de la stratégie. Pendant que le public européen s'occupe de broutilles tels que la politique de genre ou les pompes à chaleur, le fait accompli s'installe lourdement sur le flanc est de l'OTAN. Et ce sont des réalités nouvelles qui rappellent davantage les échecs que l'apaisement apporté par la diplomatie – où la Roumanie est comme un cavalier mis en avant dans le jeu que joue l'Occident contre la Russie.

Ce qui semble être une bande de terre insignifiante pour le profane est, aux yeux des stratèges militaires, une clé pour saisir les enjeux du siècle: ce que les militaires appellent la "Porte de Focsani", un corridor de plaine entre les Carpates et la région de la mer Noire, qui ouvre la voie, au départ de la Roumanie pour s'élancer vers l'Ukraine – et, plus loin, vers la Russie. Il n'est donc pas surprenant que la 28ème Unité Géographique de la brigade de pionniers français procède à des modélisations sur le terrain, précisément en cet endroit-là. Pas pour donner un cours de biologie, mais pour établir  des plans d'opération – au cas où une confrontation directe entre l'OTAN et la Russie surviendrait. Le Figaro rapporte cela sur un ton sobre, mais entre les lignes, on sent déjà que l'alarme vibre.

Un pays qui sert de mèche au baril de poudre

Calin Georgescu, candidat à la présidence roumaine et analyste bien connecté sur le plan international, a été rapidement écarté de la course. Pourquoi? Peut-être parce qu'il dit trop de choses qui ne doivent pas être dites. Dans une interview avec Tucker Carlson (vidéo :

https://www.youtube.com/watch?v=eat9NlWfKwk), il résume la situation ainsi: "L'OTAN ne veut pas d'une Roumanie libre. Elle a besoin d'une rampe de lancement qu'elle contrôle. La Roumanie doit être le point de départ pour la prochaine grande guerre".

Son calcul est simple: 614 kilomètres de ligne frontière avec l'Ukraine – plus que tout autre pays de l'OTAN. De plus, le lien géopolitique entre la mer Noire, la Moldavie et l'arc des Carpates. Qui contrôle la Roumanie contrôle l'accès à la région de la mer Noire. Et qui contrôle la mer Noire tient Moscou en laisse.

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La plus grande base de l'OTAN en Europe de l'Est se trouve près de Constanța – le nom évoque les vacances d'été, mais sur 2800 hectares, aucun paradis balnéaire n'est en train de se créer: nous voyons plutôt se constituer un point nodal pour une guerre permanente. Bientôt, jusqu'à 10.000 soldats de l'OTAN y seront stationnés – à proximité d'Odessa, aux abords de Transnistrie. S'ajoute ensuite la défense antimissile américaine à Deveselu, équipée de lanceurs Mk-41. Officiellement, cette disposition a été pensée pour assurer la défense contre les missiles – mais en réalité, elle est tout aussi capable de tirer des missiles de croisière Tomahawk avec une portée allant jusqu'à 1800 kilomètres. Sur Moscou, sur Sébastopol, sur tout ce qui pourrait présenter un intérêt stratégique.

Si l'on pense que Moscou acceptera ces développements comme un simple spectateur dans les gradins, on se trompe. Une réponse envisageable est d'ores et déjà sur la table: la sécurisation des régions de Mykolaïv et d'Odessa par des troupes russes. Et ce n'est pas là un caprice de grande puissance, c'est pour couper préventivement la mèche que l'Occident a posée au bord de la mer Noire. Car si la guerre doit partir de la Roumanie, la stratégie russe visera à rendre la zone de lancement inutilisable.

Conclusion : un pays à la croisée des chemins

La Roumanie n'est actuellement pas défendue par l'OTAN – elle est instrumentalisée. Non pour assurer la liberté et la démocratie, mais pour servir de levier géopolitique. L'Occident n'a pas besoin d'États souverains – il a besoin de postes avancés qui soient fonctionnels. La Roumanie est plus qu'un simple voisin de l'Ukraine. Elle est, aux yeux de la "Coalition des Volontaires", un outil. Mais tout outil a deux tranchants. Celui qui l'utilise doit s'attendre à susciter des forces opposées.

Et ainsi, nous nous retrouvons encore une fois au bord d'un jeu qui prendra probablement ses débuts, et amèrement, à Bucarest.

dimanche, 13 avril 2025

Où est passée la neutralité traditionnelle de la Scandinavie?

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Où est passée la neutralité traditionnelle de la Scandinavie?

Jan Procházka

Source: https://deliandiver.org/kam-se-ztratila-tradicni-neutrali...

La géopolitique est la clé !

Le terme Scandinavie stricto sensu englobe le territoire de trois monarchies avec une côte découpée sur les péninsules nordiques de l’Europe : le Danemark, la Suède et la Norvège, qui formaient un seul État à l’époque de l’union de Kalmar, possèdent des langues très similaires, la même religion luthérienne ainsi qu'une mentalité protestante et des conditions naturelles comparables. Le nom de Scandinavie (de péninsule scandinave) est dérivé de la région historique de Skåne au sud de la Suède. Le Danemark s’étend sur la péninsule du Jutland. Le nom de cette péninsule est dérivé du puissant peuple germanique des Goths (ou Jutes), qui a conquis l’Europe trois fois dans l’histoire: la première fois durant les Grandes migrations, la deuxième fois lors des expéditions normandes aux 10ème et 11ème siècles, et la troisième fois durant la Guerre de Trente Ans. On peut déduire la présence ancienne des Goths à partir des noms de lieux tels que Götaland, Göteborg ou l’île de Gotland dans la mer Baltique.

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Après la dissolution de l’union de Kalmar, une co-administration s’instaura, la région se scindant en un royaume de Suède et un royaume danois-norvégien (les deux royaumes se sont même livrés une brève guerre pour les détroits danois, lorsque le Danemark-Norvège bloqua l’accès de la Suède à la mer du Nord).

Sous le régime de ces deux États, la Scandinavie a existé de 1524 jusqu'à l'année critique de 1814, lorsque le maréchal de Napoléon, Jean-Baptiste Bernadotte, devint roi de Suède sous le nom de Charles XIV, uniquement parce qu'il avait trahi Napoléon à temps et avait rejoint le camp du tsar russe Alexandre Ier. Il renonça à l’idée de récupérer la Finlande (comme Napoléon lui avait promis) et préféra obtenir la Norvège (comme Alexandre lui avait promis). Dans le cadre de ces échanges territoriaux, les territoires traditionnels de la Norvège – les îles Féroé, l’Islande et le Groenland – furent attribués au Danemark, tandis que la Norvège était unie à la Suède par une union personnelle.

L'unité historique de la Scandinavie a apparemment été définitivement brisée au 20ème siècle par les Britanniques et les Américains dans le cadre de la « stratégie d'équilibre ». En 1905, la Norvège se sépara de la Suède (en vérité, les Norvégiens avaient la même position périphérique au sein du royaume suédois que les Slovaques chez nous durant la Première République), et en 1944, l’Islande se sépara du Danemark. On peut aisément imaginer que Donald Trump prenne officiellement le Groenland cette année, car il menace le Danemark de procéder à une telle annexion depuis 2017. L'influence anglo-américaine s'est même manifestée dans les drapeaux des deux pays, qui conservent la croix scandinave mais l'ont interprétée dans les couleurs anglo-américaines (contrairement aux couleurs continentales de la Suède, ce qui a coupé la Suède de l’accès aux deux océans).

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La ligne GIUK

La géopolitique de la Scandinavie est d'une grande importance pour les Américains. Le terme GIUK (Groenland – Islande – Royaume-Uni) désigne un couloir stratégique qui bloque la flotte terrestre et baltique russe d’accéder à l’Atlantique libre. Le Groenland et plus tard l’Islande ont servi aux Américains pendant la Seconde Guerre mondiale comme station de ravitaillement pour les bombardiers se rendant en Europe, et l’Islande n’a même pas d'armée propre ; c'est un pays à souveraineté limitée (de facto un protectorat américain) avec une base militaire américaine à Keflavík.

Pourtant, le Danemark, la Suède et plus tard la Finlande étaient traditionnellement des États neutres, jusqu'à ce que la Finlande rejoigne l'OTAN en 2022 et la Suède en 2024. L'Occident a cherché à amener la Suède de son côté pendant 320 ans (depuis que les Russes ont acquis une flotte baltique et le port fortifié de Saint-Pétersbourg protégé par la forteresse avancée de Kronstadt). L'Occident ne pouvait même pas imaginer la rupture de la neutralité de la Finlande avant 1991.

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Où se trouvent les racines de la neutralité danoise?

Les pays scandinaves, en particulier le Danemark, contrôlent les détroits de Skagerrak et du Kattegat et, à l'intérieur, les fameux détroits danois qui empêchent la flotte russe de quitter la mer Baltique. Bien que ces deux États bloquent l'accès de la Russie à la mer du Nord, ils sont eux-mêmes bloqués par la Grande-Bretagne. Durant le blocus naval anglais, la flotte britannique bombarda honteusement Copenhague en 1801 et 1807. Les Danois sont alors devenus des alliés naturels de la Russie contre l'Angleterre.

Le Danemark serait également une sorte d'éperon pour une Allemagne forte. Le Danemark et la Prusse ont mené plusieurs guerres pour le Schleswig et le Holstein (1848-1851, 1864) ou pour l'existence même du Danemark (1940). Les tsars russes à Saint-Pétersbourg – dont l'intérêt était d’avoir le Danemark de leur côté ou de le maintenir neutre – ont donc toujours été des alliés naturels du Danemark.

Aujourd'hui, le Danemark est membre de l'OTAN malgré le fait que les Américains lui aient pris l'Islande et menacent également de s'emparer du Groenland, après avoir contraint le Danemark à céder presque toutes ses armes à l'Ukraine. Les Danois commenceront-ils à réfléchir de manière réaliste et comprendront-ils que le véritable danger pour la souveraineté et l'intégrité territoriale du Danemark ne se trouve vraiment pas à l'est ? Se souviendront-ils de leur ancien allié ? Après tout, l'existence d'un Danemark neutre et indépendant reste dans l'intérêt de la Russie. Et l'Allemagne a réduit l'importance stratégique des détroits danois dès 1895 en ouvrant le canal de Kiel, permettant de contourner les détroits danois et de raccourcir le trajet de 500 km – ce faisant, le Danemark a perdu son importance d'origine aux yeux des Allemands.

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Où se trouvent les racines de la neutralité suédoise et finlandaise ?

Les relations entre la Suède et la Russie ont varié considérablement dans le passé. Aux 18ème et 19ème siècles, les Russes avaient un avantage militaire, matériel et démographique sur les Suédois (durant la Guerre du Nord de 1700 à 1721, les Suédois furent vaincus dans l'actuelle Ukraine, sur la rive gauche du Dniepr), pourtant ils n’ont jamais tenté de conquérir la Suède. La neutralité suédoise était aussi dans l’intérêt de la Russie.

La clé de la neutralité suédoise réside cependant dans la région de l’actuelle Finlande.

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Les Iles Åland, qui sont finnoises, ont toujours eu pour le monde occidental le rôle potentiel de pouvoir, le cas échéant, bloquer la Russie à partir du golfe de Botnie. Dans la mer Baltique se trouve aussi l'île suédoise de Gotland, où la présence militaire suédoise permet le contrôle de la mer Baltique. La Suède (ou l'OTAN) et les républiques baltes peuvent couper l'approvisionnement par la Russie de la région de Kaliningrad ; la flotte baltique a encaissé un « échec géopolitique » dans le golfe de Finlande en 2004, lorsque les États baltes ont rejoint l'OTAN. Comment Gorbatchev a-t-il pu permettre une telle chose ?

Fennoscandia

Les Finlandais, afin de souligner leur « scandinavité » malgré leur langue ouralienne, utilisent généralement le terme « Fennoscandia » pour délimiter l'ensemble de la péninsule à travers l'isthme de Carélie entre le lac Ladoga et le golfe de Finlande, la rivière Svir et le lac Onega jusqu'à la mer Blanche.

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La Finlande est un ancien territoire peuplé de pasteurs de rennes finnois et de pêcheurs, où les Normands se sont infiltré depuis la Suède. L'importance de la Finlande en tant que colonie suédoise résidait pour les Britanniques dans le fait (et Lord Palmerston en parlait toujours ouvertement) que depuis le 18ème siècle, les Suédois pouvaient, par l'isthme de Carélie, menacer en permanence Saint-Pétersbourg, la capitale de l'Empire russe, par où le tsar Pierre, selon les mots de Pouchkine, fit « percer une fenêtre sur l'Europe » et où les Russes obtinrent leur première flotte européenne.

La Finlande a toujours fonctionné comme une région tampon entre la Suède et la Russie. À cet égard, je rappelle que la Russie a brève frontière commune avec la Norvège, mais non avec la Suède – ni la Suède et ni la Finlande n'ont un accès à l'océan Arctique. Les Russes ont occupé la Finlande durant la dite "campagne finlandaise" en 1807-1809 et ont obtenu, à la grande surprise des Occidentaux, le soutien des Finlandais opprimés par les Suédois (c'est précisément les Russes qui ont permis le renouveau national finlandais et promu le premier État finlandais – le Grand-Duché de Finlande. Non par amour pour les Finlandais, mais pour limiter l'influence suédoise dans le pays). Les Russes ont également occupé les Iles Åland et à partir de celles-ci, il n'y a que 30 km jusqu'à la Suède. Le golfe de Botnie gèle solidement en hiver, et les Russes pouvaient éventuellement menacer Stockholm d'une attaque terrestre depuis la mer. Il existe des cas dûment documentés de Russes qui, en hiver, marchaient de la forteresse de Bomarsund jusqu'en Suède pour acheter de la nourriture. Une attaque navale contre Stockholm, étant donné que cette ville se trouve dans une profonde baie protégée par des centaines d'îlots et de rochers, n'était pas envisageable.

Le transport maritime à l'est des îles Åland n'était pas guère possible à l'époque des navires en bois et sans l'aide d'une navigation par satellite en raison des innombrables rochers et bancs de sable. Aujourd'hui encore, des manœuvres militaires de grande ampleur dans cette région ne sont pas praticables. Lorsque les Russes ont retiré les bouées et miné les côtes durant la campagne baltique de la guerre de Crimée, les flottes anglaise et française n'osaient pas s'aventurer plus profondément dans la Baltique.

Durant cette même campagne baltique de la guerre de Crimée (1853), les Français et les Britanniques ont seulement bombardé la forteresse russe aux Åland, mettant ainsi fin à la campagne, tant le golfe de Finlande était bien fortifié. Napoléon III a tenté vainement de pousser les Suédois à mener une attaque terrestre contre la Finlande. Il envisageait aussi de restaurer l'État polonais et de confier la Finlande aux Polonais ! Cela se heurta cependant au désaccord de l'Autriche, qui perdrait ainsi la Galicie, et dont l'alliance (ou la neutralité plus ou moins bienveillante) était nécessaire à Louis Napoléon durant sa campagne sur le Danube.

La Finlande a déclaré son indépendance en 1917 lors de la chute du tsar et de la révolution russe, et une guerre civile a immédiatement éclaté entre les Rouges et les Blancs. Ce n'est qu'avec le traité de Tartu (1920) que la frontière entre la Finlande et l'URSS fut définie.

La région de Petsamo avec la péninsule de Rybachy fut attribuée à la Finlande. On y trouve la ville importante de Nickel, où l'on extrait du nickel, et non loin de ce lieu est ancrée la flotte russe du Nord. Les régions de Repola et de Porajärvi en Carélie orientale furent cédées à l'URSS. Pour l'Union soviétique, c'était un traité extrêmement défavorable.

Le traité de paix de Tartu/Dorpat (1920)

La frontière entre la Finlande et l'URSS après le traité de paix de Tartu/Dorpat (1920):

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-Petsamo à la Finlande;
-Repola et Polajäervi à l'Union Soviétique.

Outre la perte de l'approvisionnement en nickel (qui est aujourd'hui plus que compensé par le gisement de Norilsk en Sibérie), la flotte russe du Nord, ancrée dans le fjord de Mourmansk, était exposée à l'ennemi, qui se trouvait à une distance de 30 km seulement. La distance de Mourmansk à Saint-Pétersbourg est de 1300 km. En cas d'attaque soudaine, il n'était pas possible de défendre le port stratégique, qui n'est jamais gelé. Cela est également vrai pour la Finlande, qui autrement aurait perdu l'accès à l'océan Arctique.

Mourmansk après le traité de paix de Tartu

De 1939 à 1940, l'Union soviétique tenta d'occuper la Finlande durant la dite "guerre d'Hiver", et par la suite, les Finlandais soutenus par les Allemands participèrent au blocus de Leningrad. Lorsque les Finlandais furent vaincus en 1944, ils changèrent rapidement de camp.

L'Armée rouge mal armée a donc subi une défaite en 1940 en Finlande, où elle réussit à occuper uniquement une plus grande partie de la Carélie, au prix de pertes énormes (c'est probablement à cause de cette débâcle des armées de Staline qu'Hitler a sous-estimé l'Union soviétique à partir de 1940).

La frontière actuelle reflète le résultat de la Seconde Guerre mondiale. A partir de 1945, la Finlande a fonctionné comme un État tampon entre la Suède et l'Union soviétique (la Suède est restée neutre durant la Seconde Guerre mondiale). La Russie détient la moitié de la Carélie avec la ville principale de Vyborg (Viipuri), l'isthme de Carélie, la péninsule de Rybachy, les villes de Pechenga et de Nickel. Depuis 2022, la frontière russo-finlandaise est fermée à la circulation. Il convient de rappeler qu'en Finlande, le service militaire obligatoire et l'enseignement obligatoire du suédois existent encore (en 2024 – avec l'entrée dans l'OTAN, le suédois sera sûrement bientôt remplacé par l'anglais).

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La Finlande est restée un État neutre, qui pouvait s'attacher économiquement à l'Occident, mais devait aligner sa politique étrangère sur celle de l'URSS. Près d'Helsinki, sur la péninsule de Porkkala, une base militaire soviétique a été implantée (1944-1956) pour tenir la Finlande en échec au cas où elle ne respecterait pas les conditions de la neutralité forcée. À partir de 1966, à Helsinki, des négociations entre les puissances ont eu lieu à la suite des accords de Yalta, appelées la “conférence sur la sécurité et la coopération en Europe”. En 1975, ces accords ont donné naissance à un document définissant l'architecture sécuritaire de l'Europe, le soi-disant acte final de la CSCE (protocole d'Helsinki), qui garantissait, entre autres, la non-ingérence, le règlement pacifique des différends, l'intégrité territoriale des États et l'inviolabilité des frontières nationales.

Frontière approximative entre la sphère d'influence occidentale et russe

Pourquoi l'annulation de la neutralité finlandaise est-elle finalement un problème considérable pour les deux parties, qui conduira immanquablement à une escalade ? Les plaines d'Europe de l'Est s'étendent sur 3000 km dans le sens nord-sud et il n'existe aucune barrière naturelle. Une frontière aussi longue ne peut pas être défendue par aucune armée ; ni par la Russie avec 1,5 million de soldats, ni par les États de l'OTAN. C'est pourquoi les Russes ont toujours cherché à déplacer la frontière vers le golfe de Botnie (ce qui aurait privé les Suédois de leur domination effective sur la Baltique), tandis que les Occidentaux persuadaient les Suédois de déplacer la frontière vers l'isthme de Carélie, ce qui est impensable pour les Russes, car ils perdraient leur domination sur la mer Blanche, sur la péninsule de Kola, ce qui réduirait leur flotte du Nord à l'inutilité.

L'architecture de la sécurité en Europe a commencé à s'effondrer avec la dissolution de l'Union soviétique en 1991 et la violation des promesses verbales faites à Gorbatchev, selon lesquelles l'OTAN ne s'étendrait pas vers l'est (il convient de rappeler que même un accord verbal est valide et doit être honoré). Elle s'est définitivement effondrée en 1999, lorsque, en violation du protocole d'Helsinki, les Américains bombardèrent la Yougoslavie et créèrent leur protectorat du Kosovo, qui n'avait pas de statut fédératif avant la guerre. La création du Kosovo a été pour l'Est un signal clair que la geopolitique classique et le combat pour le pouvoir revenaient à l'avant-plan.

France: Séisme politique !

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France: Séisme politique!

Par Georges Feltin-Tracol

Quelques jours après que l’Asie du Sud-Est, dont le Myanmar et la Thaïlande, a subi un terrible tremblement de terre, l’Hexagone connaît – d’une manière non tragique - un tsunami politique majeur et une impressionnante secousse judiciaire.

Le tribunal correctionnel de Paris vient de juger l’affaire dite des « assistants parlementaires européens » du FN – RN. Il rend son verdict le 31 mars 2025 et condamne une vingtaine de prévenus dont Marine Le Pen à diverses peines. La présidente du groupe parlementaires écope de cinq ans de prison, dont deux fermes, cinq ans d’inéligibilité et 300.000 euros d’amende ainsi que d’une exécution provisoire. La physionomie de la prochaine campagne présidentielle en 2027 s’en trouve bouleversée de manière inattendue, même si ce n’est pas la première fois que la justice impose une telle sanction à l’encontre de personnalités politiques.

Cet incroyable procès résulte de la saisie de l’OLAF (Office européen de lutte anti-fraude) en mars 2015 par le président social-démocrate du Parlement dit européen, l’Allemand Martin Schulz, un individu plus que détestable. L’enquête a bénéficié de la complaisance active de la ministresse française de la Justice d’alors, Garde des Sceaux (et des sottes en langage inclusif), l’ineffable Christiane Taubira qui laissera donc à la postérité deux lamentables lois. Ce contentieux procède d’une différence majeure d’interprétation de la fonction d’assistant parlementaire au Parlement de Bruxelles – Strasbourg. Pour Schulz et ses comparses, l’attaché parlementaire est un agent rémunéré du Parlement alors que, pour les Français, c’est une aide précieuse de l’élu qui intervient en politique. Cette divergence culturelle de points de vue sert de prétexte pour écarter une candidate non négligeable à l’Élysée.

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Les diverses lois de financement public des partis politiques en France ont pendant longtemps desservi le FN. On sait qu’il a dû se tourner vers des établissements bancaires étrangers (tchéco-russe, émirati, voire hongrois) pour financer ses nombreuses campagnes électorales. Cela ne doit pas éclipser que le FN a aussi vécu au-dessus de ses seules ressources. Présent au Parlement européen grâce à la proportionnelle, le FN a utilisé toutes les facilités pratiques pour survivre en périodes fréquentes de vaches maigres. C’est un fait. Les relations du FN avec l’argent ont toujours été problématiques. Il lui a manqué une certaine austérité, voire un ascétisme viril. Il aurait été judicieux de s’inspirer des candidats d’extrême gauche dont les comptes de campagne sont plus que rigoureux.

On peut par ailleurs se demander si le FN n’a pas commis dès 1984 une erreur magistrale en acceptant d’entrer dans cette assemblée supranationale. Des élus souverainistes et encore plus tenants du Frexit peuvent-ils en effet siéger au sein d’une pareille instance ? N’aurait-il pas fallu imiter les républicains indépendantistes du Sinn Fein en Irlande du Nord qui se présentent aux élections législatives britanniques, obtiennent des élus, mais refusent de siéger à Westminster ? On peut toutefois imaginer que dans le cadre français, une loi aurait été adoptée afin de contraindre tout élu à siéger effectivement…

Avec cette sentence judiciaire, force est de constater que la dédiabolisation gît dorénavant dans une impasse. Les adversaires du RN, formation aujourd’hui nationale-centriste, se plaisent à répéter ad nauseam les nombreuses condamnations judiciaires qui frappent ses cadres et ses militants en oubliant que la grande majorité de ces condamnations le sont pour des délits scandaleux d’opinion et d’expression. Attaqué et diffamé, le RN n’est pas (ou pas encore ?) un autre PS, auteur impérissable des affaires telles Urba ou la MNEF.

Malgré une réelle pugnacité et une farouche détermination à faire appel, Marine Le Pen s’approche de l’amateurisme. Elle entend soumettre au Conseil constitutionnel une QPC (question prioritaire de constitutionnalité) en faignant d’ignorer qu’il a déjà statué sur ce sujet. Elle envisage de se tourner vers la Cour européenne des droits de l’homme sans que tous les recours n’aient été épuisés dans l’Hexagone ! Elle risque d’autres déconvenues…

Marine Le Pen pourrait ne pas participer à la prochaine présidentielle en 2027. Le conditionnel s’impose, car il revient au seul Conseil constitutionnel de valider ou non les candidatures. On peut supposer qu’en dépit de l’exécution provisoire, Marine Le Pen puisse déposer sa candidature avec les cinq cents parrainages requis au moins. Les neuf membres du « ConsCons » auraient à approuver ou non cette candidature. En 1969, le nationaliste Pierre Sidos avait obtenu les cent parrainages nécessaires, mais sa candidature fut retoquée pour des motifs fallacieux. Pour contourner cette invalidité, le RN pourrait présenter en parallèle et de façon simultanée une autre candidature, celle de Jordan Bardella, mais cette possibilité demeure faible en raison du nombre restreint de signatures potentielles. Le RN garde toujours un maillage territorial faible. Les élections départementales et régionales ne se dérouleront qu’en hiver 2027. Seul un raz-de-marée aux municipales au printemps 2026 pourrait rendre crédible cette option, à savoir que Marine Le Pen et Jordan Bardella se présentent en même temps avec le danger de se retrouver, machiavélisme suprême de la part du Conseil constitutionnel, avec deux bulletins RN concurrents à la présidentielle !

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Tous les commentateurs politiques évoquent l’éventualité d’une dissolution à l’automne prochain, peu de temps avant les débats budgétaires. Oui, les Français voteront certainement cet automne non pas pour leurs députés, mais pour la présidentielle ! En septembre 2025, Emmanuel Macron démissionne et peut ainsi se représenter pour un nouveau mandat de cinq ans. N’ayant pas accompli deux mandats présidentiels consécutifs complets, il serait dans son droit, sachant que le nouveau président du Conseil constitutionnel, le macroniste Richard Ferrand, œuvre pour un troisième mandat. Les experts en droit public savent qu’en octobre 2022, le Conseil d’État a permis à un candidat de prétendre exercer un troisième mandat de président de la Polynésie française parce que son précédent mandat s’était interrompu. Le Conseil constitutionnel pourrait reprendre cette jurisprudence administrative à son compte.

Fort de son expérience du coup d’État médiatico-judiciaire en 2017 contre François Fillon et de sa non-campagne en 2022, Emmanuel Macron encore candidat exigerait de tous les prétendants macronistes (François Bayrou, Yaël Braun-Pivet,  Édouard Philippe, Gabriel Attal, Gérald Darmanin) de se ranger derrière lui. Réélu après l’intérim de Gérard Larcher, le nouveau chef d’État renverrait les députés dans la foulée. Usant des méthodes éprouvées de la « technopolitique », il obtiendrait soit une majorité absolue, soit une majorité relative forte, sinon resurgirait le fantôme de l’article 16...

Lors de ses vœux du 31 décembre 2024, Emmanuel Macron annonçait vouloir consulter les Français. Tout le monde a cru aux référendums. Erreur ! il pensait déjà à une présidentielle anticipée plus que biaisée.   

GF-T

  • « Vigie d’un monde en ébullition », n° 151, mise en ligne le 8 avril 2025 sur Radio Méridien Zéro.

samedi, 12 avril 2025

Président géorgien: le Deep State poursuit sa guerre en Ukraine

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Président géorgien: le Deep State poursuit sa guerre en Ukraine

Tbilissi/Bruxelles. Le Premier ministre géorgien Irakli Kobachidze a confirmé aux journalistes ce qui ne fait aucun doute pour les observateurs de la politique actuelle en Ukraine de l'UE: certaines forces au sein des niveaux de direction occidentaux tentent de saboter toute tentative de règlement pacifique et veillent à la poursuite de la guerre. Kobachidze blâme le « deep state » pour cette raison.

Il a déclaré littéralement: « Le Deep State a chargé les structures européennes de poursuivre la guerre en Ukraine. Auparavant, des instances américaines étaient également impliquées, mais maintenant la responsabilité incombe exclusivement à l'Europe. »

Le dirigeant géorgien, qui a acquis suffisamment d'expérience avec les manigances de l'Occident dans son propre pays, établit donc des parallèles évidents : même en Géorgie, les organisations qui promeuvent des « processus hostiles à l'Etat » sont désormais entièrement financées par des fonds de l'UE. La bureaucratie de l'UE est instrumentalisée à des fins géopolitiques. En même temps, il a souligné que la Géorgie continue néanmoins à défendre ses propres intérêts nationaux : « Notre objectif est d'empêcher ce qui s'est passé en Ukraine. »

L'Ukraine a subi des destructions et de nombreuses pertes, mais a gagné en retour une étroite coopération avec les institutions européennes. En revanche, la Géorgie a réussi à éviter un scénario similaire – comme l'ouverture d'un deuxième front contre la Russie. Cela, selon Kobachidze, a extrêmement contrarié le « deep state » (mü).

Source: Zu erst, Abril 2025.

Avec le soutien de Trump, le Maroc devient un pôle industriel de la Méditerranée

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Avec le soutien de Trump, le Maroc devient un pôle industriel de la Méditerranée

Enrico Toselli

Source: https://electomagazine.it/con-il-sostegno-di-trump-il-mar...

Le plan Mattei ? Il fonctionnera dans le sens opposé à celui prévu et aura pour principal protagoniste le Maroc. Un coup astucieux de Trump qui démontre ainsi que l'un de ses principaux objectifs est la destruction de l'économie européenne, ainsi que celle de la Chine. C'est pourquoi le Maroc est soumis aux droits de douane les plus bas, afin d'attirer les investissements européens et la délocalisation des entreprises du vieux continent.

Ce sont principalement les entreprises de l'Europe méditerranéenne qui seront poussées vers Rabat et ses environs. Donc celle de l'Italie, de la France, de l'Espagne. Le choix du Maroc comme lieu d'implantation n'est certainement pas une nouveauté, mais l'introduction de droits de douane différents entre les pays méditerranéens favorisera, bien sûr, le pays nord-africain qui ne connait pas de problèmes particuliers d'ordre public, d'intégrisme ou d'alliances dangereuses. Main-d'œuvre moins coûteuse, droits de douane inférieurs pour accéder au marché américain.

Et, par conséquent, une concurrence gagnante par rapport à une Europe qui n'a pas investi suffisamment pour être à la pointe de l'industrie mondiale et qui a trop exploité ses travailleurs pour avoir un marché intérieur capable d'absorber des produits trop coûteux.

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Sans oublier les relations internationales. L'Europe s'est enfermée dans sa forteresse, laissant à l'extérieur tout le monde qui ne faisait pas partie d'un Occident auto-référentiel, dépourvu d'élan. Un Occident qui maintenant se divise de l'intérieur, dont les composantes se trahissent mutuellement.

Et le Maroc est prêt à en profiter. Face au renoncement italien à jouer un rôle dans la Méditerranée, il est inévitable que d'autres acteurs émergent. De la Turquie au Maroc, la rive Sud prend la tête de toute la zone.